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Contrat de sous-marins rompu: le nouveau Premier ministre australien peut-il changer la donne?

Nouveau Premier ministre australien, le travailliste Anthony Albanese a soutenu le pacte Aukus avec Washington et Londres au détriment du contrat sur les sous-marins français. Il a néanmoins critiqué les méthodes de son prédécesseur, Scott Morrison, dans ce dossier.

La pilule est toujours aussi difficile à avaler. Lors de la passation de pouvoir au ministère des Affaires étrangères samedi, Jean-Yves Le Drian n'a pas mâché ses mots pour exprimer son ressenti sur le résultat des élections législatives en Australie: "La défaite du Premier ministre (Morrison, NDLR) me convient très bien", a déclaré le chef de la diplomatie française avant de laisser sa place à Catherine Colonna au Quai d'Orsay.

Huit mois après la rupture du "contrat du siècle" par l'Australie au profit d'un partenariat stratégique avec les États-Unis et le Royaume-Uni (Aukus), cette dernière prise de parole en tant que ministre des Affaires étrangères était l'occasion rêvée pour Jean-Yves Le Drian de régler ses comptes une fois pour toute avec le désormais ex-Premier ministre australien, Scott Morrison:

"Les actes posés au moment où ils ont été posés étaient d'une brutalité et d'un cynisme, et je serais même tenté de dire d'une incompétence notoires", a-t-il encore lâché.

Si Jean-Yves Le Drian s'est montré satisfait de l'arrivée au pouvoir du travailliste Anthony Albanese, il est très peu probable que l'Australie décide de revenir dans le contrat portant sur la vente de 12 sous-marins français Barracuda pour 35 milliards d'euros. Et pour cause: le parti travailliste avait soutenu le pacte Aukus et s'était dit favorable à l'achat de sous-marins à propulsion nucléaire américains au détriment des sous-marins conventionnels tricolores.

Renouer le dialogue

L'arrivée au pouvoir d'Anthony Albanese pourrait malgré tout apaiser les tensions entre Paris et Canberra: "J'espère que nous pourrons renouer avec l'Australie un dialogue franc et constructif dans l'avenir", a indiqué Jean-Yves Le Drian samedi.

Car s'il ne s'est pas opposé au pacte Aukus, le nouveau Premier ministre australien a tout de même dénoncé les agissements de son prédécesseur dans ce dossier. Durant la campagne, il a notamment affirmé que Scott Morrison avait trompé les États-Unis. Selon lui, Washington souhaitait que le parti travailliste soit mis dans la confidence du pacte Aukus plusieurs mois avant son annonce officielle pour avoir la certitude d'un soutien bipartite. Or, Anthony Albanese n'aurait été informé de ce nouveau partenariat que la veille.

Le 31e Premier ministre australien a également critiqué les méthodes de Scott Morrison à l'égard d'Emmanuel Macron: "Je vais vous dire une chose que je ne ferai pas: divulguer des messages privés d'autres dirigeants de pays alliés. Et cela s'est produit, bien sûr, avec Emmanuel Macron", a-t-il déclaré, faisant référence au SMS du président français que Scott Morrison est soupçonné d'avoir fait fuiter dans la presse en réponse aux accusations de mensonge portées par le locataire de l'Elysée.

Au-delà de la France, Anthony Albanese a reproché à Scott Morrison d'avoir nui à la crédibilité de l'Australie dans le monde en endommageant "toute une série de relations internationales".

Selon l'Australian Financial Review, Emmanuel Macron lui aurait adressé un message de félicitations sans que celui-ci ne soit encore rendu public.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco