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Consommation de charbon: l'Agence Internationale de l'Energie alerte sur de nouveaux records

La Chine et l'Inde appuient la hausse de la consommation, alors que les efforts restent insuffisants pour réduire les émissions.

La transition énergétique attendra. La quantité de charbon consommée sera à son plus haut historique en 2021, prévient l’Agence Internationale de l’Energie dans son dernier rapport thématique sur le sujet. L’énergie produite par le charbon est en passe d’atteindre les 10 3500 térawattheures (TWh), en hausse de 9% par rapport à 2020 – année d’un ralentissement économique global et d’une baisse d’1,8% de la consommation de minerai.

Et l’explosion constatée pour cette année devrait se poursuivre, puisque la demande devrait selon les prévisions de l’AIE s’élever à 8025 millions de tonnes en 2022, soit le plus haut niveau jamais atteint, et rester à ce niveau jusqu’en 2024 au moins.

"Après 2021, la consommation de charbon devrait reproduire la tendance observée lors de la précédente décennie : un déclin dans les économies avancées compensé par une croissance dans certaines économies émergentes ou en développement".

Un constat d’autant plus alarmant que les prix de la matière première sont en hausse cette année : ils atteignent au 15 décembre les 141 dollars la tonne, contre 69 en début d’année. De quoi laisser planer l’idée d’un "dilemme énergétique", où la baisse des investissements dans les énergies fossiles – en Corée, en Chine ou au Japon, souligne l’AEI – rend les marchés de l’énergie vulnérables à des chocs de demande.

Chine et Inde tirent la demande à la hausse

Par-delà les constats mondiaux, des divergences apparaissent entre les régions : le rebond observé en Europe et aux Etats-Unis est un épiphénomène, souligne l'AIE, et devrait se résorber dès l'année prochaine.

La Chine, en revanche, compte pour la moitié du charbon brûlé dans le monde ; avec l'Inde, la proportion monte à deux tiers. Pékin tente de réduire sa consommation, en développant l'hydro, les renouvelables, et en faisant passer ses habitants à l'électrique. Mais elle peine à endiguer sa production industrielle, d'où une hausse en 2020 de 1% de la demande, quand cette dernière baissait de 20% aux Etats-Unis. Jusqu'en 2024, elle devrait demander 1% de charbon en plus par an.

Même constat en Inde, où l'AIE relève la difficulté de Delhi à limiter structurellement sa consommation : l'économie indienne dépend d'industries lourdes extrêmement polluantes (sidérugie notamment), où "peu de technologies peuvent remplacer le charbon à court terme". Le pays devrait demander 4% "d'or noir" en plus par an jusqu'en 2024.

Le "net zero" s’éloigne

Face à ces prévisions, l'agence internationale prévient que la lutte contre le réchauffement climatique pourrait avoir du plomb dans l'aile, malgré les mesures additionnelles décrétées lors de la COP 26 :

"Les engagements sur la neutralité carbone faits par de nombreux pays, incluant la Chine et l'Inde, devraient avoir de fortes conséquences sur le charbon - mais ils ne sont pas encore visibles dans nos prévisions à court-terme, ce qui reflète un écart important entre les ambitions et les actions."

Seule éclaircie dans le tableau dressé par l'AEI : la production de charbon a globalement été celle de mines déjà existantes ou rouvertes. Les échanges de futures liés au charbon sur les marchés financiers, se font sous le niveau de prix actuel du minerai, ce qui devrait décourager l'investissement et faire stagner la production après 2022.

Valentin Grille