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Bruxelles rejette le budget italien

Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et financières, ce mardi, au Parlement européen à Strasbourg.

Pierre Moscovici, le commissaire aux Affaires économiques et financières, ce mardi, au Parlement européen à Strasbourg. - FREDERICK FLORIN / AFP

La décision était attendue : la Commission européenne a rejeté ce mardi le budget italien. Le gouvernement a trois semaines pour réviser son projet. Si Rome se dit prête au dialogue avec Bruxelles, elle n'a pas l'intention de réviser le "budget du peuple", pour reprendre l'expression du Mouvement 5 étoiles.

C'est une première dans l'histoire de l'Union européenne : la Commission rejete le budget de l'un de ses membres. Bruxelles demande à l'Italie de réviser son projet qui prévoit un dérapage de son déficit, qualifié de « sans précédent » : 2,4 % du PIB au lieu des 0,8 % prévus par le précédent gouvernement. « Nous le regrettons, aujourd'hui, pour la première fois, la Commission est obligée de demander à un pays de la zone euro de revoir son projet de budget », a déclaré Valdis Dombrovskis, vice-président de l'exécutif européen, lors d'une conférence de presse à Strasbourg.

« Une déviation claire, nette, assumée et revendiquée »

« Nous ne sommes pas face à un cas 'borderline' mais face à une déviation claire, nette, assumée et par certains, revendiquée », a dénoncé lors de cette même conférence de presse le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. En vertu du Pacte de stabilité, les Etats de la zone euro doivent maintenir leur déficit budgétaire en deçà de 3% du PIB. Certes l’Italie prévoit donc rester sous ce plafond, mais en raison du poids excessif de sa dette, égale à 131,2% du PIB en 2017 au lieu des 60% prescrits, elle devait fournir un effort supplémentaire. Elle est « la deuxième la plus élevée de l’Union européenne, une des plus élevées au monde », a affirmé Valdis Dombrovskis, en soulignant que cela représentait 37 000 euros par habitant.

Rome inflexible

Le gouvernement italien a désormais trois semaines pour revoir sa copie, faute de quoi, Rome tombera sous le coup d'une « procédure pour déficit excessif ». Cette procédure peut déboucher sur des sanctions financières équivalent à 0,2% du PIB, soit 3,4 millions d’euros, si on prend les chiffres de 2017.

Si le gouvernement italien a montré jusqu'ici une volonté de dialogue avec la Commission, il a aussi et surtout montré sa volonté de ne rien lâcher : « Cela ne change rien, que ces messieurs de la spéculation se rassurent, on ne retourne pas en arrière », a prévenu le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, en marge d'un déplacement en Roumanie. « Nous savons que nous sommes le dernier rempart des droits sociaux des Italiens » a ajouté Luigi di Maio, le numéro deux du gouvernement, et chef de file du Mouvement 5 étoiles. « Nous savons que si nous devions céder, on ferait rapidement revenir les 'experts' pro-banques et pro-austérité. C'est pourquoi nous ne céderons pas », a-t-il ajouté.

Seuls gages de bonne volonté : la promesse de ne pas creuser davantage le déficit ou la dette et l’affirmation de l’ancrage européen de l’Italie dans l’UE et dans l’euro.

La rédaction avec AFP, Reuters