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Brexit : pourquoi Nancy Pelosi peut contrecarrer les plans de Boris Johnson

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- - CHIP SOMODEVILLA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

La cheffe de file des Démocrates américains a son mot à dire sur le futur accord commercial entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Et elle pose une condition très stricte.

Le Brexit n’a finalement rien d’une affaire purement britannique. Et une nouvelle personnalité, plutôt inattendue, est venue le rappeler à Boris Johnson. Il s’agit de Nancy Pelosi, la redoutable adversaire démocrate de Donald Trump. De l’autre côté de l’Atlantique, elle joue un rôle pivot dans la stratégie politique de Johnson.

Pour le comprendre, il faut d’abord revenir sur la déclaration de la nouvelle secrétaire au commerce international britannique, Liz Truss, ce lundi dans le Daily Telegraph. « Je suis prêt à conclure un accord commercial avec les États-Unis » ecrit-elle dans une tribune. L’affaire n’est pas nouvelle mais le gouvernement Johnson semble vouloir accélérer sur ce dossier. A défaut d’un nouvel accord avec l’Union européenne, Londres veut négocier rapidement un accord avec les Etats-Unis.

Evidemment, cette idée fait craindre à de nombreux Britanniques d’y perdre au change, face à un Donald Trump qui ne fera aucun cadeau à un allié franchement affaibli. Le secteur de l’agriculture, majeur au Royaume-Uni, pourrait d’ailleurs être la première victime.

Une ligne rouge... irlandaise

Mais encore faut-il que cette accord existe réellement. D’abord parce que ce type de texte est très long à mettre en place et Londres n’a pas vraiment le luxe de prendre son temps, si le no deal devient une réalité. Surtout, parce que Donald Trump est loin d’avoir tous les pouvoirs aux Etats-Unis, sur cette question. « Le Congrès doit avoir le pouvoir de réguler le commerce avec des nations étrangères » indique la Constitution américaine.

Or, si le Sénat est dominé par les Républicains, la Chambre des représentants est majoritairement démocrate. Et sans l’aval des députés américains, pas d’accord commercial. C’est donc Nancy Pelosi, Présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, et bête noire de Donald Trump, qui l’a rappelé.

Pas d’opposition de principe mais une ligne rouge : la frontière nord-irlandaise. La communauté irlandaise, et surtout d’origine irlandaise, reste très importante aux Etats-Unis et a traditionnellement été un électorat clé des démocrates, bien que ce soit de moins en moins vrai aujourd’hui. Rien de vraiment étonnant que la question irlandaise devienne donc un des enjeux de l’accord commercial. Boris Johnson a répété à l’envie qu’il ne voulait pas du backstop, faisant resurgir l’éventualité d’un frontière dure en Irlande du Nord. « Au cours de nos conversations avec des membres du Parti conservateur, plus tôt cette année, il n’était pas question d’un retour à une frontière dure sur l'île » prévient donc Nancy Pelosi dans le Irish Times. « Cette position n'a pas changé. Tout accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni devrait en tenir compte ».

En clair, si Boris Johnson persévère sur la question du backstop, Nancy Pelosi s’opposera à un quelconque accord commercial. De quoi compliquer encore un peu plus la tâche du gouvernement britannique.

Thomas LEROY