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Banque mondiale: Ivanka Trump à la présidence?

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- - SAUL LOEB / AFP

Selon le Financial Times, la fille du Président américain pourrait prendre la tête de la Banque Mondiale.

Jim Yong Kim, 59 ans, quittera ses fonctions le 1er février pour rejoindre le fonds d'investissement Global Infrastructure Partners, spécialisé dans le financement des infrastructures. Quelques jours après l'annonce de sa démission surprise, il y a donc urgence à lui trouver un remplaçant. Plusieurs noms circulent dans la presse, dont un qui ne passe pas inaperçu: celui d'Ivanka Trump, fille du président et actuelle conseillère à la Maison Blanche. C'est en tout cas ce que rapporte le Financial Times ce vendredi.

D'autres noms sont également cités par le quotidien: David Malpass, un des hauts responsables du Trésor, ainsi que l'ancienne ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley et Mark Green, président de l'agence américaine de développement international.

Les USA maîtres du jeu

Pour l'heure aucune confirmation. «Nous n'allons pas faire de commentaires sur les candidats potentiels», a indiqué une porte-parole du Trésor. «Le Trésor a reçu un nombre important de recommandations pour de bons candidats (...) Nous commençons le processus interne de passage en revue (de ces candidats) en vue de la nomination (d'un candidat de nationalité) américaine. Nous sommes impatients de travailler avec les gouverneurs (de la Banque mondiale) pour sélectionner un nouveau dirigeant», a-t-elle ajouté. Statutairement, ce ne sont pas les Etats-Unis qui désignent le président de la banque mondiale, mais le conseil des administrateurs de la banque.

En réalité, une règle tacite veut que le gouvernement américain ait une voix prépondérante, les Etats-Unis étant, de loin, le premier contributeur aux finances de la Banque Mondiale. Depuis le début de son mandat, Donald Trump n'a pas hésité à se retirer d'un certain nombre d'organisations internationales, la nomination de sa fille serait une manière de garantir le maintien de la participation de Washington. 

La Banque Mondiale joue un rôle important vers les pays en voie de développement, et en particulier les pays les moins avancés, sur des axes comme l'éducation, l'agriculture, l'industrie, ou la santé. Elle accorde des prêts à des taux préférentiels à ses pays membres en difficulté. En contrepartie, elle réclame que des dispositions politiques (appelées « politiques d'ajustement structurel ») soient prises pour, par exemple, limiter la corruption, maintenir un équilibre budgétaire ou faciliter l'émergence d'une démocratie. Elle a accordé pour plus de 66 milliards$ de prêts en 2018

«Un processus de sélection transparent, ouvert et basé sur le mérite»

La Banque a affirmé qu'elle s'engageait à assurer «un processus de sélection transparent, ouvert et basé sur le mérite». Elle entend ainsi publier avant le vote la liste des trois candidats retenus, avec leur accord. Reste donc à voir si Ivanka Trump figurera parmi les candidats en lice. La jeune femme de 37 ans est conseillère à la Maison blanche depuis l'investiture de son père. Elle s'est par ailleurs directement impliquée en 2017 dans le lancement d'un fonds par la Banque mondiale pour favoriser la création d'entreprises par des femmes dans les pays en voie de développement. Une initiative baptisée "Women Entrepreneurs Finance Initiative".

Créatrice d'une ligne de bijoux en 2007, rôle de vice-président exécutif du développement et des acquisitions à The Trump Organization, membre du conseil d'administration de l'organisation «100 Women in Hedge Funds» qui offre un soutien aux femmes professionnelles de la finance, et conseillère à la Maison Blanche. Voilà pour le CV. Une expérience suffisante pour prétendre au poste de présidente de la Banque mondiale? Si elle est réellement candidate, le Trésor devra trancher.

Quoi qu'il en soit, nul doute que sa nomination susciterait des interrogations, quelques semaines après la nomination de Heather Nauert, ancienne journaliste de la chaîne Fox News, et proche de Donald Trump, comme ambassadrice des États-Unis à l'ONU en remplacement de Nikki Haley. Elle avait été propulsée l'an dernier porte-parole de la diplomatie américaine alors qu'elle n'avait aucune expérience politique.

La réponse est donc attendue dans les prochaines semaines. Les candidats à la présidence de la Banque mondiale devront soumettre leur dossier entre le 7 février et le 14 mars. La nomination du nouveau dirigeant de l'institution, ou de sa future dirigeante, devrait intervenir avant les réunions de printemps qui se tiendront la semaine du 8 avril.

Sandrine Serais