BFM Business
International

Avec le retour des talibans, la Chine avance ses pions en Afghanistan

Alors que les talibans ont pris le pouvoir en Afghanistan, la priorité de nombreux pays est d’évacuer leurs ressortissants. La Chine quant à elle se fait plus discrète, car elle a des intérêts économiques à revoir les talibans aux pouvoirs.

Le 28 juillet dernier, le mollah Abdul Ghani Baradar, numéro 2 des talibans, se rendait à Tianjin, dans le nord de la Chine avec une délégation pour rencontrer des hauts responsables de la diplomatie chinoise, dont le ministre des Affaires étrangères Wang Yi. Face à l'avancée des talibans, la Chine avance ses pions, espérant à la fois une stabilité à ses frontières mais surtout faire avancer son grand projet des nouvelles routes de la soie.

Les nouvelles routes de la soie

Le contrat est clair: la Chine est prête à soutenir le régime taliban, mais en échange, elle souhaite que les fondamentalistes coupent les ponts avec le régime islamiste du Turkestan oriental. En effet, cette organisation séparatiste ouïgoure a revendiqué plusieurs attentats en Chine.

Pékin semble avoir sur ce point obtenu des garanties. De ces discussions, les talibans attendent eux de la Chine d’avantages d’investissements dans le pays, des investissements qui pourraient notammment passer par le projet des routes de la soie. ces nouvelles routes commerciales voulues par le pouvoir chinois traversent en effet l’Afghanistan.

Or, actuellement, les investissements chinois dans le pays ne représentent que 3% des investissements de la Chine au Pakistan par exemple. Depuis 2016, l’Afghanistan fait partie des routes de la soie, mais peu de projets ont vu le jour en raison de l’insécurité dans le pays. La Chine proposerait ainsi de construire des routes dans les zones sous contrôle des talibans, ainsi qu’un certain nombre de projets énergétiques.

Relancer des projets miniers dans le pays?

Mais surtout, la Chine souhaiterait relancer ses projets miniers. Parmi lesquels, la mine de cuivre de Mes Aynak, située à 35 kilomètres au sud de Kaboul. En 2007, la Chine avait déboursé 3,4 milliards de dollars pour exploiter la zone sur 30 ans. Mais jusqu’ici, rien n’avait pu être fait et le gouvernement afghan voulait même suspendre cet accord.

Comme l’Afghanistan possède de nombreux minerais dans ses sols, d’autres exploitations pourraient voir le jour. En 2010, un rapport américain estimait leur valeur à 1000 milliards de dollars.

Mais avant de concrétiser tout investissement, la Chine souhaite avoir des garanties de sécurité, notamment pour les expatriés sur place. Par précaution, elle a recommandé à ces derniers de quitter l’Afghanistan.

Sébastien Le Belzic avec Margot Hutton