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A près de 8% sur un an, les hausses des salaires s'accélèrent au Royaume-Uni

Les salaires moyens hors bonus ont progressé de 7,8% sur un an sur la période d'avril à juin outre-Manche. De quoi compenser l'inflation à près de 8% dans le pays.

Bonne nouvelle pour le pouvoir d'achat des Britanniques. Au Royaume-Uni, les salaires moyens hors bonus ont enregistré une augmentation de 7,8% sur un an pour la période d'avril à juin. Il s'agit du rythme le plus rapide de hausse depuis que ces données ont commencé à être enregistrées en 2001.

Dans le même temps, l'inflation outre-Manche a atteint quasi 7,9% en juillet, la plus élevé du G7. Autrement dit, les salaires réels commencent à se stabiliser alors qu'ils étaient jusqu'alors mangés par la hausse des prix.

En revanche, la hausse des salaires a de quoi donner "une migraine" à la Banque d'Angleterre (BoE) et sa bataille contre l'inflation, estime Michel Hewson, analyste de CMC Markets, et Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown, pronostique également un nouveau resserrement des taux d'intérêt par la BoE.

Conflits sociaux

Dans une étude publiée lundi, le cabinet de ressources humaines CIPD constate que 40% des employeurs britanniques ont été contraints de faire des contre-offres salariales à la hausse pour tenter de garder leurs employés, vu les manques de main d'oeuvre persistants depuis le Brexit et la réouverture de l'économie post-pandémie de Covid.

Les anticipations d'une nouvelle hausse de taux faisaient chuter la Bourse de Londres ce mardi, les investisseurs estimant que cela aurait un impact négatif sur l'économie, notamment dans la construction. Les ménages britanniques en particulier ont vu le coût de leurs emprunts immobiliers bondir, alors qu'ils faisaient déjà face à une envolée de leurs factures.

Par ailleurs, tandis que les mouvements sociaux se poursuivent sans relâche depuis plus d'un an dans le pays pour tenter d'obtenir de meilleures paies et conditions de travail, l'ONS souligne que 160.000 jours de travail ont été perdus à cause de grèves en juin, notamment dans le secteur de la santé. Selon le centre de réflexion Resolution Foundation, 3,9 millions de jours de travail ont été "perdus" au total sur l'année passée à cause de ces conflits sociaux, "plus qu'à aucun moment depuis les années 80", les grévistes dénonçant notamment leur perte de salaire réel.

Le chômage au plus haut en près de deux ans

Ce mardi, l'office national des statistiques britannique (ONS) a également annoncé un taux de chômage à 4,2% pour les trois mois terminés à fin juin comparé aux trois mois précédents. Cette montée du taux de chômage au plus haut en près de deux ans est due au fait qu'il faut aux gens "un peu plus de temps pour trouver du travail" que lors des précédents mois, commente le directeur des statistiques de l'ONS Darren Morgan.

Il note aussi que les personnes qui ne sont pas en mesure de chercher du travail à cause de maladies de longue durée atteint "un nouveau record".

La croissance britannique s'est malgré tout montrée résiliente jusqu'à présent, à 0,2% au deuxième trimestre, mais des signes montrent que certaines entreprises souffrent. La chaine britannique d'articles ménagers à bas prix Wilko a ainsi déposé le bilan faute d'être parvenue à trouver des repreneurs ou de nouveaux financements. Quelque 12.500 emplois sont menacés.

Le ministère britannique des Finances remarque dans un communiqué que le taux de chômage britannique demeure inférieur à celui "du Canada, de la France, de l'Italie, l'Espagne et de la zone euro". Il ajoute que cela reste "faible comparé aux moyennes historiques".

P.L. avec AFP