BFM Business
Economie

IAG, maison mère de British Airways, accuse une perte record de 6,9 milliards d'euros en 2020

British Airways a supprimé 10 000 postes en 2020.

British Airways a supprimé 10 000 postes en 2020. - ADRIAN DENNIS - AFP

Le groupe britannique, qui comprend également Iberia et Vueling, subit les conséquences de la crise du covid.

Le groupe britannique IAG, maison mère de British Airways et d'Iberia, a subi une perte record de 6,9 milliards d'euros en 2020 à cause du covid-19, qui a paralysé le trafic aérien à travers le monde.

L'année précédente il avait affiché un bénéfice net part du groupe de 1,7 milliard d'euros, avant le choc de la pandémie qui a particulièrement durement frappé le secteur aérien, menaçant la survie de l'ensemble des compagnies et entraînant une série de faillites.

La perte inclut des éléments exceptionnels liés aux "positions de couvertures de prix pétroliers et de changes" qui ont mal tourné l'an dernier vu le plongeon inattendu des cours du brut, des coûts de retrait de la flotte de vieux appareils, et des dépenses de restructuration, précise le communiqué.

Le chiffre d'affaires d'IAG a été divisé par trois à 7,8 milliards d'euros, d'après un communiqué diffusé vendredi.

10 000 postes supprimés chez British Airways

Face aux mesures de restrictions des déplacements nationaux et internationaux, IAG a dû réduire l'an passé sa capacité de passagers à un tiers de celle de 2019 et la prévoit à seulement 20% de celle de 2019 au premier trimestre 2021, vu les confinements et barrières aux déplacements internationaux.

Nos résultats reflètent l'impact sérieux du covid-19 sur notre activité. Nous avons pris des mesures pour préserver nos liquidités et réduire nos coûts", relève le directeur général d'IAG Luis Gallego.

"Les mesures de restructurations se traduisent par la suppression de 10.000 postes chez British Airways - soit un quart des effectifs de juin dernier - et de 500 chez Aer Lingus", qui ont "pour l'essentiel quitté le groupe avant fin décembre", indique le communiqué.

Il avait préalablement évoqué jusqu'à 13 000 suppressions d'emplois chez British Airways, malgré le système de chômage partiel gouvernemental qui indemnise les salaires à hauteur de 80% jusqu'à 2.500 livres.

Les liquidités fin décembre s'élevaient à 10,3 milliards d'euros, y compris une augmentation de capital de 2,7 milliards d'euros et 2 milliards d'engagements de prêts d'un organisme public britannique, UK Export Finance, et le groupe estime ce niveau suffisant pour tenir jusqu'à l'an prochain.

Rare bonne nouvelle, le trafic de vols cargos a augmenté l'an dernier "de presque 200 millions d'euros", précise Luis Gallego, qui a remercié les employés du groupe pour s'être "adaptés rapidement à de nouvelles manières de travailler et ont fait de gros sacrifices en termes de salaires et d'horaires de travail".

Des incertitudes sur la reprise

"Nous savons qu'il y a une réserve de demande pour le voyage aérien et les gens veulent prendre l'avion", a insisté le patron d'IAG, qui comme ses concurrents d'Easyjet demande l'instauration de normes sanitaires internationales pour l'aviation afin de "rouvrir le trafic aérien en sécurité".

Richard Hunter, analyste d'Interactive Investor, souligne que l'un des points d'interrogation pour IAG et le reste du secteur est de savoir à quel point les voyages d'affaires retrouveront leurs niveaux d'avant la pandémie, vu le boom de la "culture Zoom", le développement du télétravail et de réunions à distance, bien moins chères et consommatrices de temps pour les entreprises.

En outre, relève pour sa part Michael Hewson, de CMC Markets, "sachant que les restrictions aux voyages ne seront probablement levées qu'au cours du deuxième trimestre, il faudra encore du temps avant que les passagers reviennent en nombre", et le premier trimestre cette année s'annonce pire que le quatrième de l'an dernier.

Il ajoute toutefois que le plus gros problème d'IAG n'est pas un retour des passagers pour les vols courts, avec une demande déjà visible dans les réservations dévoilées par les compagnies low-cost comme EasyJet et Ryanair, mais le retour de la clientèle sur les longs courriers "où la plupart des transporteurs font leurs bénéfices" et cela "pourrait prendre plus de temps pour revenir au niveau de 2019".

Samuel Kahn avec AFP