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Et si vous investissiez en bourse en faisant vos courses?

Il est souvent plus judicieux d'éviter de payer avec sa carte bancaire en dehors de la zone euro pour éviter les frais bancaires.

Il est souvent plus judicieux d'éviter de payer avec sa carte bancaire en dehors de la zone euro pour éviter les frais bancaires. - Joe Raedle-Getty Images North America-AFP

C'est l'idée de la start-up française Ismo qui propose notamment d'épargner en bourse l'arrondi supérieur de ses dépenses quotidiennes par carte. Une façon de s’exposer mine de rien au marché boursier, qu’il est bien sûr possible de compléter par des virements à sa guise.

Les consommateurs sont de plus en plus nombreux à arrondir le montant de leurs courses payées par carte bancaire afin de verser ce surplus à une association. Pourquoi ne pas exploiter cette idée pour épargner?

C'est ce que propose Ismo, start-up française, et ce grâce à une simple application pour smartphone.

Il s'agit d'initier à la bourse à travers des micro-versements indolores dans un contexte où les produits d'épargne réglementée ou l'assurance-vie en fonds euros ne rapportent plus grand chose à cause des taux bas. "Nous voulons faire comprendre tout le potentiel de la bourse: il n'y pas meilleur placement à long terme", explique à BFM Business, Eric le Brusq, co-fondateur d’Ismo.

Evangélisation

"On s'adresse notamment aux jeunes, aux primo-épargnants, d'ailleurs, 70% de nos 3000 premiers clients sont âgés de 18 à 40 ans", poursuit-il.

Concrètement, comment ça marche? Une fois inscrit et abonné, un achat de 9,60 euros par exemple pourra être arrondi à 10 euros (voire plus, la limite est fixée à 9 euros par achat avec un minimum de 5 euros par mois), et cet arrondi supérieur sera directement investi dans un des fonds proposés. Aucun apport initial n'est demandé.

Ismo (qui travaille avec la société de gestion de fonds Wide Asset Management) s'interconnecte de manière cryptée avec le compte bancaire de l'utilisateur. Ce dernier peut alors définir dans l'application le montant de l'arrondi qu'il souhaite investir et qui sera affecté lors des paiements par carte bancaire. Montant qu'il peut modifier à tout moment.

"Nous avons commencé en septembre, les montants moyens investis sont en moyenne de 20 euros par semaine et cela progresse. Le portefeuille moyen est de 200 euros", explique Eric le Brusq.

L'application offre trois choix de fonds diversifiés en termes sectoriels et géographiques: prudent (constitué à 85% d'obligations, le reste en actions), intermédiaire et dynamique (75% en actions, 25% en obligations) et affiche en toute transparence le contenu de ces fonds qui englobent des titres d'entreprises labellisées ISR, c'est-à-dire socialement responsables.

"On est les seuls à offrir la transparence totale du portefeuille", indique le co-fondateur. Là encore, l'épargnant peut moduler à tout moment la destination de son épargne. Signalons qu'Ismo est une société de gestion agréée par l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Des portefeuilles diversifiés et socialement responsables

Evidemment, ce sont des petites sommes mais le principe est bien d'évangéliser "sans contrainte et de manière indolore". Et les plus courageux peuvent toujours opter pour un levier plus classique que sont les virements directs ponctuels ou périodiques. "100% de nos clients ont opté pour l'arrondi mais 70% d'entre-eux font également des virements", précise le responsable, "on pensait que le vecteur principal serait l'arrondi mais il y a beaucoup de virements car les marchés sont porteurs".

Côté rendements, il faut garder en tête que la bourse "est un placement à long terme", répète Eric le Brusq qui précise: "aucun client du fonds dynamique est en territoire négatif". "Ismo est conçu pour les investisseurs à long terme et pas pour les spéculateurs qui cherchent à faire des coups en bourse qui s’avèrent perdants 9 fois sur 10".

Statistiquement, Ismo rappelle que l’investissement en actions rapporte: "9,1% par an sur 10 ans, 9,7% par an sur 20 ans, 8,3% par an sur 30 ans et 13,7% par an sur 40 ans".

Et du côté des frais, Ismo entend également se démarquer des gestionnaires classiques et des banques grâce à son modèle totalement désintermédié. L'accès est facturé 1 euro par mois et Ismo prélève 0,50% par an sur le total des actifs en frais de gestion et aucun frais lors des retraits.

Bref, ce principe pour se constituer facilement, au quotidien et sans douleur un patrimoine est plutôt malin. Principe d'ailleurs déjà proposé au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis avec l'application Acorns qui rassemble déjà 7 millions d'utilisateurs.

De quoi donner des ambitions internationales à Ismo qui a levé 1,9 million d'euros en 2019 et qui cherche à boucler un nouveau tour de table. "On veut commencer en Europe et on va le faire le plus rapidement possible", annonce Eric le Brusq.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business