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Trottinettes: l'interdiction à Paris met en péril le modèle économique des opérateurs

A compter du 1er septembre, Lime, Dott et Tier devront avoir complètement retiré leurs engins de la circulation à Paris. Un coup d'arrêt brutal qui met en péril leur modèle économique et les emplois de plusieurs centaines de personnes.

Les Parisiens ont dit non aux trottinettes dimanche lors d'une votation. C'est avec une très forte opposition, 89,03%, que les services des trois opérateurs, Lime, Dott et Tier , devront prendre fin à compter du 1er sembre 2023. Même avec un taux de participation de seulement 7,46% des électeurs inscrits sur les listes électorales, soit à peine plus de 100.000 personnes, cette décision est définitivement actée.

"Le 1er septembre prochain, il n'y aura plus de trottinettes en libre-service à Paris", a confirmé Anne Hidalgo en proclamant les résultats dans la soirée.

La maire de Paris a salué une "belle journée pour la démocratie participative, qui vaut beaucoup mieux que la démocratie d'opinion et la démocratie sondagière".

Pour Clément Beaune, ministre des Transports, cette votation est plutôt un "vote humiliant ignoré et boudé par l'immense majorité des Parisiens. C'est un scrutin au rabais". Le ministre estime que Paris "vaut mieux que cela".

Pour les trois opérateurs et leurs salariés c'est un coup dur. En France, leur modèle économique repose essentiellement sur la capitale. Paris compte en effet 15.000 des 22.000 trottinettes en service en France. Ils vont donc devoir supprimer plusieurs centaines de postes tout en conservant une partie de leur activité sur leurs vélos en libre-service.

Manque à gagner 930.000 euros pour Paris

Dimanche, sur RMC, Nicolas Gorse, directeur général de Dott, avait prévenu des conséquences d'une interdiction pour cette activité utilisée par 400.000 utilisateurs et qui pèse pour 15% de son chiffre d'affaires. L'entreprise emploie 800 personnes à Paris. En fermant les services de trottinettes, l'ensemble des services pourrait être menacé.

"Le résultat de cette votation aura un impact direct sur les déplacements de 400.000 personnes par mois", soulignent les trois opérateurs. A partir de maintenant, notre priorité en tant qu'employeurs responsables est d'assurer l'avenir de nos salariés".

Les trois opérateurs vont devoir reporter une partie de leurs investissements sur les 14.000 vélos qui restent plus cher à réparer et ont un taux de réutilisation moins important. Dott, Lime et Tier Mobility espèrent à présent "une reprise rapide du dialogue avec la Mairie afin de discuter des prochaines étapes"

Mais cette interdiction pourrait aussi peser sur la Mairie de Paris, première capitale européenne à interdire les trottinettes électriques. Son manque à gagner serait de l'ordre de 930.000 euros, le montant que lui versaient annuellement les trois opérateurs. Un porte-parole de Lime dit regretter une décision à contre courant et annonce la signature de contrats avec plusieurs capitale d'Europe, Madrid, Rome et Londres.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco