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VTC: pourquoi les prix vont rester élevés jusqu'en décembre

Pour devenir chauffeurs de VTC, il faut 9 mois pour obtenir un diplôme. La perte de chauffeurs mettra du temps à se résorber.

Pour devenir chauffeurs de VTC, il faut 9 mois pour obtenir un diplôme. La perte de chauffeurs mettra du temps à se résorber. - Martin Bureua - AFP

INFO BFM BUSINESS. La demande de VTC augmente alors que les chauffeurs sont en vacances ou n'ont pas repris le travail interrompu par la crise sanitaire. Conséquences, des tarifs en hausse de 25 à 30%. La situation pourrait perdurer jusqu'à l'hiver.

Depuis début juillet, les temps d'attente s'allongent pour avoir un VTC et les prix grimpent. Se voir proposer un tarif de 100 euros pour le centre de Paris au départ de Roissy un dimanche soir n'a plus rien d'exceptionnel. Et pour cause, l'arrivée des vacances d'été conjuguée avec la crise sanitaire poussent nombre de chauffeurs à lever le pied. Une pénurie qui provoque mécaniquement une hausse du tarif des courses. Cette situation se constate principalement en Ile-de-France où se trouvent la majorité des chauffeurs.

"C'est difficile à mesurer avec exactitude, mais nombre de chauffeurs ont cessé leur activité soit ponctuellement, pour aller en vacances, soit définitivement, comme cela s'est constaté dans d'autres secteurs. En pourcentage, c'est certainement un nombre à deux chiffres", révèle à BFM Business, Yves Weisselberger, président de la Fédération Française des Transports de Personne sur Réservation (FFTPR) et président de LeCab.

Cette fédération regroupe les principales plateformes VTC européennes (Allocab, Bolt, Free Now, Heetch, LeCab et Marcel). Pour Uber, qui n'en fait pas partie, la situation n'est visible qu'en fin de journée et s'explique par la fin du couvre-feu qui a provoqué une forte hausse de la demande.

“Avec des temps d’attente moyens de cinq minutes actuellement, l’expérience utilisateur est de qualité. Nous constatons cependant à certains moments - notamment en soirée - des pics très importants de demande du fait de la levée des restrictions sur les sorties nocturnes, les restaurants et lieux de divertissement”, explique à BFM Business une porte-parole d'Uber.

Hausse des courses jusqu'à 30%

Sur les hausses de prix, le président de la FFTPR ne donne pas non plus de chiffres précis. Mais selon nos constatations lors de nos déplacements privés et professionnels avec Uber ou FreeNow, ils ont grimpé en moyenne de 25 à 30%. Le soir, des petits trajets parisiens montent à une cinquantaine d'euros contre 15 à 20 euros habituellement.

"C'est l'ordre de grandeur de la hausse des tarifs", confirme Yves Weisselberger.

Mais pour le président de la FFTPR cette tendance ne va pas s'arrêter à la fin des vacances. Elle risque de se poursuivre jusqu'à la fin de l'année 2021.

Ça ne baissera pas avant l'hiver, le temps de résorber la pénurie de chauffeurs. L'obtention du diplôme nécessite plusieurs mois et il y a déjà un goulet d'étranglement", indique Yves Weisselberger.

Uber confirme la situation et met en parallèle le nombre de candidats en augmentation partout en France surtout dans les villes du sud et le temps nécessaire pour pouvoir exercer.

"C'est un problème structurel avec un examen VTC trop long, et un temps moyen de neuf mois entre le moment où un candidat passe l’examen et reçoit sa carte VTC", nous a précisé Uber.

La situation n'est donc pas désespérée. Pour Uber, on pourrait voir dès septembre un commencement de retour des chauffeurs en région parisienne.

"La reprise de septembre devrait bénéficier de plusieurs facteurs : l’arrêt progressif du fonds de solidarité annoncé par Bruno Le Maire ; une demande qui devrait continuer à augmenter et qui attirera les chauffeurs ; et la poursuite des investissements d’Uber pour faciliter le retour des chauffeurs qui n’ont pas encore repris le volant", indique Uber.

La plateforme précise qu'en en Île-de-France environ 10.000 personnes ont passé l’examen pour devenir chauffeur VTC.

"Au vu des taux de réussite à l’examen théorique puis pratique, nous estimons que ce sont environ 5200 personnes qui ont obtenu leur carte VTC en 2020".

Un chiffre plutôt important. Actuellement, 30.000 VTC sont enregistrés en France, dont plus de 70% en Île-de-France.

Mais l'inquiétude des chauffeurs et des plateformes repose sur la mise en place d’une zone à trafic limité (ZTL) qui couvrira les arrondissements de Paris Centre (1, 2, 3, 4) et de Paris Saint-Germain (5, 6, 7 nord) en 2022. Uber et la FFTPR réclament une dérogation pour circuler, comme pourront le faire les chauffeurs de taxis.

Selon une étude réalisée par Harris Interactive, 70% des Franciliens souhaitent l’accès des VTC à la future Zone à Trafic Limité à Paris. Ce taux monte à 88% parmi les commerçants.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco