Vols bloqués, guerre des mots... Violent bras de fer entre Ryanair et le Portugal

Le gouvernement du pays a provoqué l'annulation de plusieurs vols vers le Maroc le weekend dernier sur fond de conflit entre Ryanair et TAP, la compagnie aérienne nationale.

La tension est à son comble entre les autorités portugaises et Ryanair. La compagnie aérienne low cost a vertement dénoncé le blocage par le ministère des infrastructures le week-end dernier de l'ouverture de trois nouvelles liaisons entre Lisbonne et le Maroc.

Ce blocage "illégal" selon la compagnie a provoqué l'annulation "inutile" des vols, clouant au sol plus de 3000 passagers au départ de la capitale portugaise ce dimanche.

"Ryanair opère entre le Portugal et le Maroc depuis plus de trois ans et il est inexplicable que le ministère des Infrastructures n’a pas délivré d’autorisations de vol standard pour permettre à ces vols de fonctionner", dénonce la compagnie. "Il n'y a aucune bonne raison pour cette action illégale, qui constitue une violation flagrante du droit de l'UE, sur le fonctionnement de l'EU Open Accord du ciel", poursuit-elle.

"Bureaucrates anonymes"

Et de taper fort sur les autorités en charge des autorisations de vol: "Il est tout simplement scandaleux que des bureaucrates anonymes du ministère de l'Infrastructure aient refusé de rester à leurs bureaux vendredi pour résoudre cette affaire, mais soient plutôt partis pour le week-end de vacances alors qu'ils détruisaient les projets de vacances de plus de 3000 de leurs concitoyens" assène Jason McGuinness, directeur des ventes de la compagnie.

Cette situation est en fait le résultat d'un conflit entre Ryanair et TAP, la compagnie aérienne national portugaise. Le 15 octobre dernier, Rynair attaquait violemment son concurrent, expliquant être obligé d'annuler de 700 vols programmés cet hiver (notamment vers Tours en France) en raison de "la thésaurisation continue de TAP" de créneaux de décollage et d’atterrissage qu'elle "n’utilise pas". D'autant plus que TAP a prévu de réduire sa flotte de 20%.

TAP: une "compagnie aérienne zombie inefficace"

Pour la compagnie irlandaise, ce "blocage de créneaux (est) anticoncurrentiel" et l'empêche "d’obtenir des créneaux suffisants pour la croissance prévue de nouvelles liaisons".

Ryanair estimait alors que le gouvernement portugais et la Commission européenne devaient "maintenant intervenir pour mettre fin au blocage de créneaux horaires anticoncurrentiel de TAP, libérer cette capacité inutilisée à Lisbonne pour permettre aux compagnies aériennes de se développer".

Dans un langage beaucoup moins diplomatique, elle assurait qu'il est essentiel que "l’infrastructure nationale du Portugal soit utilisée pour soutenir l’économie locale et non pour protéger une compagnie aérienne zombie inefficace, pour laquelle le gouvernement portugais a déjà gaspillé 3 milliards d’euros de l’argent des contribuables".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business