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Transports

Un rapport accablant décrypte l'origine du fiasco Vélib’

L'inspection générale de la Ville de Paris vient de rendre un rapport qui autopsie les raisons du fiasco du Vélib'. La municipalité est pointée du doigt pour son manque d'anticipation et les "faiblesses" du projet. Il est aussi reproché à l'opérateur Smovengo d'avoir proposé une offre sans pouvoir garantir sa réalisation.

Quelles sont les raisons du fiasco du nouveau Vélib'? Un rapport de l'Inspection générale de la Ville de Paris tente de décrypter l'origine des dysfonctionnements de la mise en place du service, encore à la peine aujourd'hui. Ce rapport, commandé par Anne Hidalgo l'an dernier, n'épargne pas la mairie de Paris sur sa gestion de ce dossier. Dès le début du projet, le manque d'anticipation de la municipalité est pointée du doigt.

"En décembre 2014, à deux ans de l'échéance du contrat Vélib', prévue pour le 28 février 2017, la Ville n'a pas encore défini la nature du service qu'elle compte offrir aux usagers et par conséquent n'en maîtrise pas les aspects techniques, ni ne connaît les conditions juridiques dans lesquelles ce futur service fonctionnera. Cette réflexion débute donc trop tardivement", tranchent les auteurs du rapport qui souligne un délai trop court "pour renouveler un service développé depuis 10 ans". 

Dès lors, le fiasco du Vélib' était prévisible selon l'Inspection générale de la Ville. Autre difficulté, la gouvernance du projet normalement tenue par le Syndicat Vélib' Métropole qui regroupe toutes les communes ayant adhéré au service. 

"Aucun mandat clair n'a été établi entre le syndicat et la direction de projet. Cet état de fait illustre la difficulté à régler les relations entre l'entité Ville de Paris et le syndicat dont elle fait partie, et aussi la difficulté permanente de faire apparaître - donc s'appuyer pleinement - sur la compétence technique détenue par Paris", poursuit le rapport. 

Smovengo incapable de respecter les délais

Outre la responsabilité de la mairie de Paris et du Syndicat, l'Inspection générale souligne aussi celle de l'opérateur. Il est reproché à Smovengo d'avoir "théorisé une offre sans être en mesure de garantir sa réalisation dans les délais impartis". Le manque d'expérience en matière de travaux et de mobiliers urbains ainsi que son incapacité à réagir face à la crise sont mis en évidence: 

"Il est étonnant que le prestataire n'ait pas élaboré de tableau de gestion de ses risques et, en conséquence, ne dispose pas de plans d'action anticipés pour redresser les dysfonctionnements". 

Après la publication de ce rapport, l'opposition insiste sur "l'immense responsabilité" de la Ville de Paris dans le fiasco Vélib', dénonce Maud Gatel, vice-présidente du groupe UDI-MoDem au Conseil de Paris. 

La mairie reconnaît un "accident industriel"

L'exécutif municipal reconnaît de son côté "des erreurs". "C'est un véritable accident industriel auquel on a été confronté. Ce rapport permet de bien comprendre ce qui s'est passé", admet sur BFM Paris Jean-Louis Missika, maire-adjoint en charge de l'urbanisme.

"Aussi bien Anne Hidalgo, que Christophe Najdovski (maire-adjoint en charge des Transports, ndlr) que moi-même, nous acceptons pleinement cette responsabilité", ajoute-t-il. 

Malgré une amélioration du service, Vélib' reste confronté à des difficultés plus d'un an après son lancement. Si l'opérateur se targue de voir le nombre de courses augmenter, le service continue d'avancer à deux vitesses. 12.000 vélos sont actuellement en circulation contre 20.000 prévus initialement et 200 stations sont toujours manquantes.

A cela s'ajoutent des difficultés pour les usagers, notamment pour les utilisateurs de Vélib' électriques. Jean-Louis Missika veut lui rester optimiste: "si tout va bien, d'ici la fin de l'année on sera au niveau qu'on aurait dû atteindre en 2018". 

Carole Blanchard avec Barthélémy Bolo