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Transports

Un conducteur du RER B témoigne : "le mécontentement commence à monter en puissance"

La semaine a été difficile pour les usagers du RER B confrontés à de nombreuses perturbations. Face aux incidents et retards, l'exaspération est palpable du côté des voyageurs mais aussi des conducteurs, confrontés à la colère des usagers.

"Le trafic est perturbé sur la ligne B". Les usagers du RER sont habitués à ces annonces et cette semaine n'a pas fait exception. Au lendemain d'une panne de caténaire qui a paralysé le trafic entre Cité Universitaire et Gare du Nord, la circulation du RER B était à nouveau perturbée ce vendredi à cause d'une panne d'aiguillage. En début de semaine, un accident de personne Gare du Nord avait aussi entraîné de nombreuses difficultés de circulation.

Si cette semaine a été particulièrement difficile, les voyageurs sont très fréquemment confrontés aux retards, pannes et divers incidents. Des difficultés auxquelles sont directement confrontés les agents qui voient une forme de colère monter.

"On le comprend et on le vit au quotidien parce que les agents du terrain sont les premiers au contact des usagers et la répercussion de leur mécontentement commence à monter en puissance", explique Laurent Gallois, conducteur sur la ligne B depuis vingt ans. 

"Un sentiment de ras-le-bol"

Au quotidien, les voyageurs sont nombreux à partager leurs galères sur les réseaux sociaux. Laurent Gallois occupe aussi le terrain sur Twitter où il relaie les messages des usagers et les informations dont il dispose tout en interpellant les responsables ferroviaires. En première ligne sur le terrain, comme lui, les agents sont parfois pris à partie par les voyageurs à bout.

"C'est difficile parce que les usagers viennent exprimer leur mécontentement et nous leur expliquons que nous sommes là pour exécuter les ordres. Mais il y a quand même un sentiment de ras-le-bol des agents d'avoir une gestion chaotique et au détriment du service que nous devons aux usagers", poursuit le conducteur. 

Pour lui, l'un des problèmes de la ligne réside dans un manque d'investissements dans les transports ferroviaires. L'aménagement du territoire a aussi sa part de responsabilité car il conduit à des concentrations de populations aux mêmes endroits et donc à des transports surchargés. 

Des trains qui circulent sans voyageurs

Les voyageurs mettent également en avant une détérioration du service depuis février avec la mise en place des travaux du Grand Paris et le chantier de la gare Arcueil-Cachant. Désormais, les trains sont omnibus aux heures de pointe entre Bourg-la-Reine et Cité Universitaire, entraînant pour les usagers un allongement des transports.

Pour limiter les trains surchargés, le tronçon central du RER B serait d'autre part favorisé, au détriment de certaines branches du RER comme Saint-Rémy, Robinson, Mitry-Claye. Des méthodes qui posent question pour Laurent Gallois.

"Souvent il y a des trains qui partent sans voyageurs pour les emmener le plus rapidement possible dans le tronçon central. Alors pour aller plus vite on évacue les voyageurs, le train part direct sans voyageurs et là on a gagné une ou deux minutes. Le seul problème c'est que les voyageurs sont restés sur le quai", regrette le conducteur.

"On est là pour transporter des voyageurs et non pas pour remplir des graphiques et des camemberts pour que le Stif soit content par rapport aux chiffres qui sont donnés quotidiennement", ajoute-t-il encore. Le conducteur explique malgré tout apprécier son métier "même si c'est de plus en plus compliqué".

Carole Blanchard avec Raphaël Maillochon