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Un cheminot contraint d'enterrer des restes d'un collègue ?

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Un cheminot disant avoir été contraint d'enfouir un sac poubelle contenant des morceaux humains d'un agent SNCF victime d'un accident il y a 14 ans a saisi mercredi le conseil des prud'hommes de Paris.

Cet homme de 44 ans ne réclame pas de dommages et intérêts à la direction de la SNCF mais la reconnaissance de la responsabilité de l'entreprise dans cette affaire, qui l'aurait, dit-il, plongé dans la dépression.

A ce jour, le cheminot est toujours conducteur à l'infrastructure, souligne-t-on de source proche de l'entreprise.

La SNCF, qui ne souhaite pas commenter dans l'immédiat la démarche devant le conseil des prud'hommes, se dit "consciente du malaise que ce dossier peut provoquer auprès des agents et de leurs familles", a dit une porte-parole régionale à Reuters.

Cette affaire concerne en effet que l'on appelle les "accidents de personnes", suicides ou accidents au cours desquels les corps des victimes sont réduits en charpie, ce qui rend difficile la récupération totale des restes.

Le cheminot d'Angers affirme que l'un de ses chefs s'était fait renverser un vendredi soir par un TGV en 1997 et que le corps avait été restitué à son épouse.

En retournant sur les lieux le lundi suivant, des cheminots auraient toutefois découvert des morceaux du corps restés sur place.

"Mon chef d'équipe m'a demandé de les ramasser. J'ai refusé. Je ne pouvais pas. On aurait dû faire revenir les pompes funèbres. D'autres l'ont fait à ma place", a-t-il raconté mercredi sur France Info.

Un peu plus tard, son chef d'équipe lui aurait demandé d'aller enterrer le sac poubelle dans un terrain vague, ce qu'il aurait fait.

Selon son avocat, Mickaël Boulay, le cheminot en a parlé à sa hiérarchie et à un médecin de la SNCF mais il lui a alors été conseillé "de se taire".

En 2006, l'agent de la SNCF a porté plainte auprès du parquet d'Angers pour "inhumation sauvage" mais celle-ci n'a pu aboutir car les faits étaient prescrits.

L'enquête "nous a permis d'avoir la preuve de ce qui s'est passé, le chef a reconnu les faits", a affirmé Me Boulay.

De source proche de la SNCF, on souligne qu'un accompagnement psychologique est normalement prévu pour les agents après ce type d'accident. "Il y a des morceaux partout, les conducteurs voient ça, c'est douloureux", explique-t-on.

Dans le cas du cheminot d'Angers, l'entreprise cherche à comprendre ce qui s'est produit à l'époque, quatorze ans après les faits.

Gérard Bon, édité par Yves Clarisse