Uber annonce un partenariat avec les chauffeurs de taxi de Londres

Les passagers pourront désormais demander une course à bord de l'un des "black cabs" partenaires via l'application Uber, avec une estimation de prix immédiate.

Les ennemis d'hier sont les amis de demain. Rivaux depuis plus d'une dizaine d'années, Uber a annoncé mardi un partenariat avec les taxis noirs de Londres, les fameux "black cabs". Celui-ci offre aux chauffeurs de taxi la possibilité de bénéficier des recommandations de courses fournies par la multinationale américaine.

Les passagers, eux, peuvent demander une course à bord de l'un des "black cabs" partenaires via l'application Uber, avec une estimation de prix immédiate. La société cotée à Wall Street a déclaré que le service sera déployé dès le début de l'année prochaine, les premiers chauffeurs ayant déjà adhéré à cette collaboration.

"Les Black Cabs sont une partie emblématique de la capitale, appréciée tant par les Londoniens que par les visiteurs, et nous sommes fiers de collaborer main dans la main", a loué Andrew Brem, le directeur général d'Uber UK, dans un communiqué.

"The Knowledge"

L'accord entre Uber et certains taxis londoniens intervient après des années de tensions. L'arrivée de la firme américaine dans la capitale britannique en 2012 avait suscité le courroux du secteur traditionnel qui y voyait une concurrence déloyale. Pour rappel, les chauffeurs de taxi sont tenus de réussir un examen appelé "the Knowledge". Ils doivent mémoriser les itinéraires les plus rapides à travers le réseau routier complexe de Londres, ainsi que des milliers de repères et de rues.

Des centaines de chauffeurs avaient manifesté à Londres en 2014 dans le cadre de mouvements à l'encontre de Uber à l’échelle européenne. Deux ans plus tard, 8 000 conducteurs avaient de nouveau bloqué la circulation dans le centre de la capitale.

La société de mise en relation a également été confrontée à une longue bataille juridique avec les régulateurs des transports de la ville, qui ont tenté de révoquer sa licence d'exploitation en 2017, puis à nouveau en 2019. Dans les deux cas, Uber a contesté les décisions et a finalement obtenu l'autorisation de poursuivre ses activités. Actuellement, près de 90 000 véhicules de locations privées circulent dans les rues de la ville, six fois plus que le nombre de taxis sous licence.

Des nombreux partenariats avec les groupes locaux

L'autorisation d'Uber permettant aux taxis noirs de s'inscrire sur leur application a suscité des critiques de la part de la Licensed Taxi Drivers Association, un organisme professionnel représentant les chauffeurs de taxi à Londres. Selon Steve McNamara, le secrétaire général de l'organisation, aucun groupe professionnel de taxis n'a été consulté avant cette annonce.

D'autres y voient une opportunité. "Beaucoup de choses ont évolué depuis l'arrivée d'Uber à Londres, et je connais de nombreux chauffeurs de taxi qui ont débuté leur carrière en tant que chauffeurs Uber", a assuré Hameed Hameedi, le premier chauffeur de taxi londonien à s'inscrire au partenariat avec Uber à Londres, dans un communiqué. Il estime que le partenariat sera favorable aux chauffeurs de taxi.

Malgré les conflits passés entre Uber et les groupes de taxis locaux, la firme a noué des partenariats les chauffeurs de taxi à Paris, New York, Rome et de nombreuses autres grandes villes.

Théodore Laurent