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Transports

Trois passagers à bord: la SNCF raille la relance de la liaison aérienne Metz/Nancy-Lyon

La liaison est opérée par Twin Jet, spécialisée dans les vols régionaux et visant la clientèle d'affaires. La compagnie aérienne estime de son côté que l'offre de la SNCF est "indigne".

A l'heure des efforts pour réduire l'empreinte carbone dans les transports, cette relance interroge. Depuis ce mardi, la compagnie aérienne Twin Jet opère à nouveau la liaison entre l'aéroport Metz/Nancy et Lyon en visant spécifiquement la clientèle affaires.

Cette ligne opérée initialement par Hop! (Air France) avait été fermée pendant la crise Covid puis relancée une première fois, sans succès.

Mais pour le premier vol à destination de Lyon, seulement trois passagers sont montés à bord de l'appareil qui compte 19 sièges. De quoi provoquer l'agacement d'Alain Krakovitch, patron des TGV et des Intercités à la SNCF.

Le responsable rappelle dans un tweet qu'"une bonne dizaine de TGV Inoui font ce trajet chaque jour". Manière de rappeler qu'il existe une alternative bien plus sobre que l'avion.

Sur les réseaux sociaux, ce piètre remplissage suscite également des commentaires acerbes.

"Mais quelle riche idée, vous avez regardé les infos (vagues de chaleur, inondations et tout ce qui va encore arriver)? Changement climatique ça vous parle? Pour 3 passagers, si c'était pas si triste et rageant ça pourrait presque être drôle", s'emporte un internaute.

50.000 passagers par an avant la crise Covid

La question est donc de savoir s'il s'agit d'une aberration écologique ou bien d'un service qui répond à une demande.

"Cette liaison a un potentiel et répond à un vrai besoin pour les professionnels", explique à BFM Business Eric Moret, le directeur général de Twin Jet.
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Il rappelle que "50.000 passagers par an l'utilisaient avant la crise du covid. Certes, le démarrage n'est pas instantané mais nous sommes très confiants pour l'avenir" poursuit-il.

Quant à l'attaque en piqué d'Alain Krakovitch, pour Eric Moret, "la SNCF réagit car ils sont défaillants sur cette liaison, elle ironise mais elle propose un service indigne, il y a une vraie carence d'investissement" assène-t-il.

Plus de 4 heures par le train en passant par Paris

Si l'alternative ferroviaire existe en effet bel et bien, le trajet dure plus de 4 heures, voire 5 avec un train qui n'est pas direct, devant passer par Paris, contre un peu plus d'une heure en avion. Pas l'idéal pour des déplacements pros.

Pour rappel, la liaison ferroviaire directe entre Metz, Nancy et Lyon a été supprimée.

Eric Moret reconnaît bien volontiers qu'une liaison directe à grande vitesse entre les deux villes "aurait un avantage" mais constate donc qu'elle n'existe pas.

Les élus de la région réclament d'ailleurs à corps et à cris le rétablissement de cette offre par l'Etat et la SNCF. Un comité de pilotage doit justement avoir lieu sur la question avant la fin de l'année.

Mais en attendant, pour Brigitte Torloting, vice-présidente à la région Grand Est interrogée par France 3, "nous avons rétabli cette liaison qui bénéficie en premier à tout le milieu économique". C'est que la demande existe bel et bien.

Mais il faudra qu'elle se concrétise. Dans le cas contraire, Twin Jet n'hésitera pas à la stopper. "On n'a pas vocation à faire voler des avions avec 3 passagers à bord" souligne Eric Moret.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business