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Trenitalia vs. SNCF: le match sur le trajet Paris-Lyon peut commencer
C'est un moment historique. Pour la première fois de son histoire, la SNCF va perdre son monopole sur la grande vitesse en France. Le 18 décembre prochain, le premier train de Trenitalia France, la Frecciarossa (la Flèche rouge), roulera sur l'axe Paris-Lyon (et jusqu'à Milan). Les réservations sont ouvertes depuis ce lundi.
La SNCF doit-elle frémir de ce premier concurrent qui vient le titiller sur son axe le plus rentable? Ce lancement est en tout cas l'occasion de faire un premier comparatif des offres.
• La fréquence
C'est un sujet clé pour se démarquer, notamment auprès des voyageurs professionnels qui sont très nombreux à emprunter cette ligne entre les deux villes.
Pour le moment, l'avantage est clairement du côté du TGV avec 24 départs par jour (soit un train toutes les heures) contre deux allers-retours pour l'opérateur italien.
Pour autant, Trenitalia entend monter rapidement en charge (une fois que son modèle économique sera validé?). Le groupe prévoit d'ajouter 3 rotations quotidiennes uniquement vers et depuis Lyon sans donner de date pour le moment.
Trenitalia entend surtout profiter de l'occupation forte du TGV, à savoir attirer les clients qui ne trouvent pas le bon train à la SNCF. Car l'ouverture à la concurrence, ce n'est pas se battre pour le même gâteau, mais bien faire grossir ce gâteau avec plus d'offre.
• Le confort
Afin de se démarquer de la SNCF, Trenitalia entend jouer la carte du confort et du haut de gamme avec une classe Business dotée de larges fauteuils en cuir (69 cm) inclinables à 109°et d'une Classe Executive où seulement 10 fauteuils en cuir à large assise de 74 cm de large seront offerts.
Une connexion internet Wifi à haut débit sera disponible gratuitement et une prise électrique équipera chaque siège. On y trouvera même une salle de réunion équipée de prises électriques et d’un écran plat 32 pouces, pour organiser des réunions jusqu’à 5 personnes. Une vraie valeur ajoutée pour la clientèle affaires très présente sur cette ligne.
La SNCF a anticipé cette attaque en déployant avant l'arrivée de son concurrent la nouvelle classe Business Première qui inclut un accueil personnalisé en gare et à bord du TGV et de nouveaux services gratuits (accueil personnalisé, Wi-fi, repas à la place, sièges plus confortables, prises USB...). Mais de l'avis des premiers utilisateurs, cette proposition demeure encore un cran en dessous de celle de Trenitalia.
Par contre, quand la SNCF a réduit au minimum l'offre de places en carré de 4, Trenitalia semble au contraire la privilégier.
• Les tarifs
La compagnie italienne promet des tarifs attractifs: dès 23 euros en classe standard (équivalent de la seconde classe) et à partir de 29 euros pour un Paris-Milan en "business confort" (équivalent de la première classe).
La Classe Exécutive est proposée à un prix fixe de 139 euros pour le Paris-Lyon et de 165 euros pour le Paris-Milan.
Sur l'entrée de gamme, Trenitalia tente de s'aligner sur le premier tarif très agressif de Ouigo de la SNCF (16 euros). Pour autant, comme pour Ouigo, ces prix d'appel ne sont pas les plus nombreux.
L'opérateur italien applique comme son concurrent le modèle du "yield management" inventé dans l'aérien qui consiste à faire évoluer les prix en fonction du remplissage des trains.
Arnaud Aymé, spécialiste transports chez Sia Partners constate ainsi que le premier prix pour un départ samedi est déjà à 39 euros chez l'italien.
Pour autant, avec peu de trains en circulation, Trenitalia cherche avant tout à attirer la clientèle premium et professionnelle à valeur ajoutée.
Sur ce terrain, Trenitalia semble a priori le mieux-disant. Pour un départ lundi prochain vers Lyon, la SNCF propose un billet à 94 euros en 1ère classe et à 142 euros en Business Première contre 39 euros en "Business Silenzio/Allegro" et 139 euros en Executive chez Trenitalia.
•Conditions d'échange, de remboursement, d'indémnisation
Les deux opérateurs ont deux approches différentes. Chez Trenitalia, le billet est modifiable (avec ajustement au tarif en vigueur) gratuitement jusqu’à une heure après le départ et remboursable jusqu’à l’heure de départ avec 20% de retenue.
A la SNCF, le remboursement est sans frais jusqu'à J-3 en général et jusqu'au jour du départ pour les professionnels.
Côté indémnisation en cas de grand retard, c'est la SNCF qui est le plus généreuse avec 75% du billet remboursé en cas de retard supérieur à 3 heures contre 50% pour Trenitalia.
• La ponctualité
On ne peut pas encore la mesurer chez Trenitalia pour la liaison Paris-Lyon mais on peut comparer les moyennes des deux opérateurs dans leurs pays.
Comme le rappelle Thomas Le Gouezigou, un ancien de SNCF Réseaux sur Twitter, Trenitalia présente une ponctualité de ses TGV de 66,3% en 2019 contre 77,9% pour les TGV de la SNCF.
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