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Train retardé : la SNCF reconnaît "une erreur de planification"

La SNCF a justifié mardi par la neige et la volonté de bien faire le retard record de 15 heures subi le 27 décembre dernier par les 600 voyageurs d'un train, tout en admettant des erreurs et en promettant d'agir. /Photo d'archives/REUTERS/Toby Melville

La SNCF a justifié mardi par la neige et la volonté de bien faire le retard record de 15 heures subi le 27 décembre dernier par les 600 voyageurs d'un train, tout en admettant des erreurs et en promettant d'agir. /Photo d'archives/REUTERS/Toby Melville - -

La SNCF a justifié ce mardi par la neige et la volonté de bien faire le retard record de 15 heures subi le 27 décembre dernier par les 600 voyageurs d'un train, tout en admettant des erreurs et en promettant d'agir.

Un rapport d'enquête interne conclut qu'il aurait été préférable de ne pas faire partir le train Strasbourg-Port-Bou. Cette idée a suscité des critiques de la ministre de l'Ecologie et des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet et l'ironie du syndicat de cheminots Sud-Rail, qui estime que ce n'est pas "une réponse sérieuse aux usagers".

« Ce train n’aurait pas dû partir de Strasbourg ce soir-là »

Cet incident a suscité un débat sur la qualité du service de la SNCF, dont la politique est marquée ces dernières années par un fort développement des liaisons à grande vitesse, au détriment, selon les syndicats, des lignes moins rentables. Menacée d'un procès dans l'affaire du Strasbourg-Port Bou par des voyageurs privés d'information, de toilettes, et parfois de chauffage, la compagnie dit dans un rapport publié ce mardi sur son site internet que le train aurait dû être annulé.
"Lors du week-end de Noël, le quart nord-est du pays était encore sous la neige. La volonté de bien faire, c'est-à-dire d'acheminer coûte que coûte, en dépit de ces conditions difficiles, les 600 voyageurs, a conduit la SNCF à prendre des risques excessifs (...) qui ont conduit à ce dysfonctionnement majeur de qualité de service", lit-on dans ce document. "Il aurait été préférable de ne pas faire partir ce train de Strasbourg ce soir-là", estime-t-elle.

« On a peut-être essayé de faire trop bien »

Barbara Dalibard, responsable de la SNCF voyages, a reconnu mardi lors d'une conférence de presse que le matériel aurait dû "subir une maintenance plus importante". "Notre souci sans doute de faire rouler les trains pour amener les clients plus rapidement a prévalu et on a peut-être essayé de faire trop bien et donc ça nous a créé les déboires que nos pauvres passagers ont dû endurer", a-t-elle dit.
La société propose trois actions pour prévenir le retour d'un tel incident. Il s'agit d'une meilleure organisation des trains de nuit, d'un renforcement des équipes opérationnelles et d'une meilleure prise en charge des voyageurs. Ces mesures devront être appliquées avant l'été, dit le rapport.

5 incidents successifs ont conduit à un tel retard

Dans le détail, le rapport relève cinq incidents successifs ayant conduit au retard du train : une heure de délai dans la préparation du convoi, sept heures à Belfort en raison d'un problème de conducteur, 45 minutes pour l'évacuation d'un voyageur ivre par la police, deux heures à Montbéliard en raison de la panne d'un autre train bloquant la voie, et 2h50 à Tournus en raison d'une panne de motrice.

Concernant l’absence de conducteur de relève à Belfort, la SNCF reconnait « un raté de planification ». Ce changement de conducteur était prévu depuis le départ. Mais le remplaçant prévu initialement n’est jamais arrivé. Il a dû s’arrêté à Lyon parce qu’il avait déjà travaillé pendant trois jours. Le centre opérationnel de permanence aurait dû programmer un nouveau conducteur à Belfort. « Cette action n’a malheureusement pas été effectuée » lit-on dans le rapport de la SNCF. Il faudra 6 heures pour qu’un conducteur arrive à Belfort.

NKM : « La première connerie, c'est qu'on ne m'a pas dit ça au début ! »

Mais Nathalie Kosciusko-Morizet estime avoir été trompée et envisage des sanctions. "La première connerie pour moi, c'est qu'on ne m'a pas dit cela au début. Quand ce train est arrivé en retard, on m'a dit que le conducteur n'a pas pu (arriver à temps) à cause de la neige. Mais ce n'était pas ça", a-t-elle remarqué sur Radio Classique. Selon elle, le conducteur "a été décommandé (par erreur), ce n'est quand même pas la même chose". "On va regarder s'il y a lieu de sévir ou pas", a-t-elle ajouté.

Sud-Rail estime dans un communiqué que la société doit changer de politique. "La SNCF doit cesser sa politique de démantèlement de l'entreprise, cesser de faire des économies sur la maintenance du matériel roulant, sur le personnel", écrit-elle.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse