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SNCF: la vétusté des petites lignes fait perdre en moyenne 1 heure et 8 minutes par an aux usagers

Dans une étude, l'association UFC-Que Choisir pointe le sous-investissement dans les petites lignes dont 22% subissent des ralentissements.

On le sait, la SNCF a longtemps été pointée du doigt pour sa stratégie d'investissements qui a privilégié l'extension du réseau avec de nouvelles lignes à grande vitesse au détriment des lignes secondaires, celles du quotidien, entraînant dysfonctionnements et retards.

Face à la colère persistante des usagers, l'Etat a incité l'opérateur a revoir sa copie. Ainsi, les investissements de renouvellement de voies ont triplé de 2006 à 2019, atteignant 2,7 milliards d'euros. Mais selon une étude de l'UFC-Que Choisir, ces dépenses n'ont pas permis de rattraper le retard accumulé.

"En 2019, 23% du réseau (hors LGV) dépassait sa durée de vie optimale", estime l'association de défense du consommateur. Avec un âge moyen de 37 ans (contre 29 ans pour le réseau national), les lignes secondaires sont encore les premières victimes de ce sous-investissement.

17% des retards se concentrent sur les petites lignes et 22% des ralentissements

Toujours selon l'UFC, cette vétusté entraîne des ralentissements sur 9% du réseau et 22% des petites lignes. Ces dernières concentrent 17% des retards soit selon les calculs de l'association, 340 millions de minutes de perdues pour les utilisateurs (68 minutes par usager par an). Des chiffres contestés par la SNCF.

La SNCF met en avant des améliorations: ainsi le linéaire affecté par les ralentissements est passé de 5300 kilomètres du réseau en 2017 à 4500 kilomètres en 2019. Mais il était de 3400 kilomètres en 2012...

Ce constat est d'autant plus problématique que la SNCF ferait rouler moins de trains que ses concurrents européens. "La France propose 37% moins de trains pour un même niveau de population desservi, sur une amplitude horaire atrophiée de deux heures", affirme l'association.

Bref, il faut changer de braquet, estime l'UFC. Malgré les annonces gouvernementales pour "revigorer les petites lignes et le train de nuit", l'association estime que ça ne sera pas suffisant. Par ailleurs, pour l'UFC, l'Etat "s’est révélé complaisant face aux manquements de SNCF Réseau".

Un Etat "complaisant face aux manquements de SNCF Réseau"

"Le besoin d’investissements pour enrayer la dégradation (des petites lignes) est estimé à 6,4 milliards d'euros entre 2020 et 2028 alors même que SNCF Réseau y consacre aujourd’hui environ 400 millions d’euros par an", peut-on lire.

"Les collectivités territoriales et tout particulièrement les régions sont les principales contributrices auprès de SNCF Réseau depuis 2011, dépassant l’État qui a vu sa contribution chuter depuis", explique-t-elle.

"Conséquence de l’attrition des financements, près de 40% de ces petites lignes étaient menacées de fermeture, décision difficilement réversible. Pourtant, au-delà de leur rentabilité, elles posent un enjeu de connexion, de désenclavement et de développement des territoires, notamment par le fret", souligne l'association.

Les besoins ne sont toujours pas couverts

En réalité, c'est le modèle de financement qui ne fonctionne plus. "SNCF Réseau s’est trouvée devant une équation budgétaire impossible à résoudre: les contributions publiques ajoutées aux recettes perçues ne couvrent pas ses besoins. Elle a donc recours à l’endettement (38 milliards d'euros en 2020)".

"La décision de l’État de reprendre 35 milliards de dette entre 2020 et 2022 était nécessaire pour compenser le sous-financement. Mais elle doit s’accompagner d’un modèle économique pérenne et de gains de productivité" via la numérisation et la centralisation des postes d'aiguillage par exemple, un chantier qui prend du retard.

Comment? Les pouvoirs publics doivent "augmenter leur soutien financier à SNCF Réseau pour garantir les investissements nécessaires à la rénovation et à la modernisation du réseau. Imposer des critères de performance et des mécanismes réellement incitatifs et crédibles en cas de non-respect de ces derniers. Et maintenir les lignes de desserte fine dès lors qu’elles répondent à une demande des autorités régionales ou des usagers".

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business