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Sécurité routière: le SMS au volant dans le viseur du gouvernement

Ecrire un SMS au volant multiplie le risque d'accident par 23, selon la Sécurité routière (image d'illustration)

Ecrire un SMS au volant multiplie le risque d'accident par 23, selon la Sécurité routière (image d'illustration) - Jean-Philippe Ksiazek - AFP

L’usage du téléphone au volant augmente, et particulièrement chez les conducteurs de moins de 35 ans, selon les chiffres de la Sécurité routière. Une pratique à risques que le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve entend "réprimer" plus sévèrement.

Invité de BFMTV lundi matin, Bernard Cazeneuve l’a reconnu: les derniers chiffres de la sécurité routière "ne sont pas bons". "On sera autour de +5% pour le nombre de morts (sur les routes, ndlr) à la fin de l’année", a-t-il estimé au micro de Jean-Jacques Bourdin. Une première, après douze ans de baisse ou de stagnation. Et le ministre de l’Intérieur de pointer du doigt certains comportements coupables de cette hausse: "les conduites en état d'addiction" et "les SMS au volant".

"Il faut réprimer encore plus les conduites à risques", a martelé Bernard Cazeneuve, qui présentera en janvier un panel de mesures pour tenter d’atteindre l’objectif de "moins de 3.000 morts à l’horizon 2020". Outre la vitesse, l’alcool et la drogue au volant, elles devraient concerner l’usage du téléphone portable.

Ecrire un SMS au volant multiplie le risque d’accident par 23

Car, selon la Sécurité routière, le "fléau" des SMS envoyés et lus sur la route est en augmentation. "Les Français sont aujourd’hui 34 % à avouer se servir de leur téléphone portable en conduisant alors qu’ils étaient 18% un an plus tôt", explique une note publiée en décembre sur son site Internet. Selon une enquête sur le "texting" au volant datant de septembre 2013, près d’un tiers de 24 millions de Français possédant un smartphone avouaient l’utiliser en conduisant, un chiffre multiplié par deux chez les moins de 35 ans. Parmi cette dernière catégorie de conducteurs, 61% lisaient leurs SMS en conduisant, et 32% en écrivaient.

Or, écrire au volant "multiplie le risque d’accident par 23: il oblige le conducteur à détourner les yeux de la route pendant en moyenne 5 secondes", s’alarmait alors la Sécurité routière. Et sur la route, près d’un accident corporel sur 10 est lié à l’utilisation du téléphone au volant, selon l’étude "Téléphone et sécurité routière" rendue publique en 2011.

Vers des contrôles "plus systématiques"

Lundi, Bernard Cazeneuve a livré "l’esprit" des mesures qu’il dévoilera début 2015 pour enrayer la hausse de la mortalité routière. Contre les textos au volant, “il faut faire de la prévention” et "réprimer beaucoup plus”, a détaillé le ministre, alors que conduire avec un téléphone à la main est déjà passible d’une amende forfaitaire de 135 euros et d’un retrait de 3 points du permis de conduire.

Côté prévention, la Sécurité routière a diffusé quelques jours avant les fêtes une vidéo choc réalisée par Matthieu Amalric. Dans ce clip de cinq minutes, intitulé "La Magie de Noël", Pio Marmai campe un homme hanté par le souvenir d’un enfant tué lors d'un accident de la route, survenu alors qu’il écrivait un texto -un simple "j’arrive"- en conduisant. Glaçant.

Sur le volet répression, Bernard Cazeneuve n’a pas clairement précisé s’il comptait durcir les sanctions actuelles. Réponse en janvier. Le ministre a cependant dit vouloir plus de contrôles et de verbalisations. “Il faut être beaucoup plus sévère avec ceux qui commettent ce type d’actes. Et beaucoup plus sévère, ça veut dire que les contrôles doivent aussi être beaucoup plus systématiques”, a-t-il fait valoir. “Les forces de l’ordre, qui sont très présentes sur les axes routiers, doivent pouvoir sanctionner”, a-t-il poursuivi.

Encore faudrait-il pouvoir prendre les contrevenants sur le fait, quand beaucoup de conducteurs lâchent leur téléphone dès qu'ils aperçoivent les forces de l'ordre. Mais on peut imaginer qu'à l'avenir, si elle arrivait en France, une technologie mise au point aux Etats-Unis pourrait aider à constater les flagrants délits: un radar portatif permettant de détecter l'envoi de textos au volant.

Violette Robinet