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Roissy-Charles de Gaulle: encore de longues files d'attente pour passer les contrôles de police à l'aéroport

A Orly le 1er décembre, encore d'importantes files d'attente pour passer les contrôles de passeport

A Orly le 1er décembre, encore d'importantes files d'attente pour passer les contrôles de passeport - DR

Le problème est récurrent dans les aéroports parisiens avec une pénurie régulière de fonctionnaires de police aux postes de contrôle. Les passagers crient au scandale. A quoi s'attendre pour cet été?

Nouvelle matinée très compliquée à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle ce lundi. Selon le témoignage de nombreux passagers sur Twitter, il faut s'armer de patience pour passer les postes de contrôle de la police dans le Terminal 1, au départ comme à l'arrivée.

"Plus d’une heure debout dans la file pour procéder aux formalités policières à l’aéroport Charles de Gaulle de #Paris. #AeroportsdeParis se confond en excuse mais les gens souffrent surtout les personnes âgées ou qui ont une santé fragile", se plaint Ibrahima Lissa Faye, journaliste, vidéo à l'appui.

"Deux policiers pour assurer les formalités des centaines de passagers"

Et de souligner qu'"il n’y a que deux policiers pour assurer les formalités des centaines de passagers".

"Un petit peu de monde au #Terminal 1 de #CDG", ironise de son côté Jean Edern Pierrot qui publie également une vidéo d'une très longue file d'attente ce lundi.

Si les passagers saluent la distribution gratuite de bouteilles d'eau, nombreux sont ceux qui soulignent la récurrence de ce problème à Paris malgré les promesses d'ADP.

Sur le compte Twitter de "Paris Aéroports" dédié à l’information aux passagers et qui dépend d'ADP, on reconnaît ces nouvelles difficultés auprès de voyageurs mécontents, avec toujours la même raison: un manque d'effectifs aux postes de contrôle.

"Ce lundi est une grosse journée, avec plus 200.000 passagers attendus à Paris-Charles de Gaulle. Au Terminal 1, l’attente a dépassé ce matin les 60 minutes au départ en raison d’un fort afflux et d’une tension des effectifs de la police aux frontières sur le secteur. Les autres secteurs de Paris-CDG étaient bien fournis et n’ont pas connu de temps d’attente élevé", explique un porte-parole interrogé par BFM Business.

"L'arrivée de renforts au Terminal 1 a pu être déployée à partir de 10h30 environ. Les efforts ont été faits aux départs: 9 aubettes sur les 10 ont été ouvertes depuis 10h45, ainsi que l'ouverture de tous les sas PARAFE. Cela a permis de désengorger efficacement cette frontière", poursuit-il.

ADP met en avant "un dispositif de prévenance: distribution de bouteilles d'eau, annonces sonores pour informer des temps d'attente rallongés, et surtout priorisation des passagers dont les vols sont sur le point de partir avec le passage de nos agents d'accueil dans la file".

500 recrutements d'ici fin 2024

"Le nombre de policiers ne dépend pas du gestionnaire aéroportuaire, mais de la Direction de la Police aux Frontières. Nos équipes sont mobilisées pour organiser au mieux les flux", ajoute sur Twitter Paris Aéroport.

En effet, si comme dans de nombreux aéroports européens, Roissy et Orly à Paris ont souffert et souffrent encore de pénuries de personnels, notamment pour la sécurité, dans la capitale un autre problème amplifie les temps d'attente: celui du manque de policiers de la PAF (police aux frontières) aux postes de contrôle (sans oublier les pannes techniques).

En fin d'année dernière, on évaluait à 300 fonctionnaires de police le manque dans les deux aéroports parisiens. Problème, le manque d'effectif provoque des conséquences en cascade pour les passagers au départ et ceux qui débarquent (notamment pour les correspondances).

Pourtant, ADP (Aéroports de Paris) estime que la situation s'améliore même si il reste à faire. L'entreprise met d'ailleurs la pression sur le ministère de l'Intérieur, le seul habilité à augmenter les effectifs de police dans les aéroports.

Selon nos informations, 150 agents ont été déployés avant Noël 2022 mais peut-être de manière ponctuelle pour assurer les flux pendant les fêtes de fin d'année. Face aux défis qui se profilent (vacances d'été, coupe du monde de rugby, Jeux olympiques l'an prochain), les recrutements vont s'accélérer, promet-on.

La PAF prévoit ainsi de recruter 255 agents contractuels de contrôle supplémentaires pour les aéroports parisiens d'ici juin et 500 avant fin 2024. Pour tout le pays, la PAF souhaite recruter 1200 personnels d'ici l'été 2024, histoire d'éviter des situations cauchemardesques pendant les congés d'été. Et 17 sas Parafe (passage automatisé de la frontière) supplémentaires seront déployés.

Le directeur de la PAF Fabrice Gardon a insisté sur l'enjeu d'assurer un passage fluide tout en garantissant la sécurité: "c'est toute l'image du pays qui est en jeu, d'autant plus à l'approche de la coupe du monde de rugby et des JO de Paris".

Moins de 1% des passagers attendrait plus de 40 minutes

Selon les premiers baromètres d'ADP dévoilés pour les mois de janvier et février, entre 83% et 90% des passagers ont attendu moins de 10 minutes lors du contrôle aux frontières à Charles de Gaulle. À Orly, ce taux a atteint 87% en janvier et 85% en février.

Moins de 1% des 6,5 millions de passagers qui ont transité par ces deux aéroports en janvier et février ont été contraints d'attendre plus de 40 minutes, toujours selon le baromètre.

"Nous avons un travail de gestion des files lorsque des problèmes surviennent qui doit être beaucoup amélioré", reconnaît néanmoins Augustin de Romanet, patron d'ADP.
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business