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Réunion de crise à Renault

Renault a convoqué un conseil d'administration extraordinaire, ce lundi après-midi, en raison de doutes grandissants sur les accusations d'espionnage portées par le constructeur automobile contre trois de ses cadres. /Photo prise le 11 janvier 2011/ REUTE

Renault a convoqué un conseil d'administration extraordinaire, ce lundi après-midi, en raison de doutes grandissants sur les accusations d'espionnage portées par le constructeur automobile contre trois de ses cadres. /Photo prise le 11 janvier 2011/ REUTE - -

PARIS (Reuters) - Renault a convoqué un conseil d'administration extraordinaire, ce lundi après-midi, en raison de doutes grandissants sur les...

PARIS (Reuters) - Renault a convoqué un conseil d'administration extraordinaire, ce lundi après-midi, en raison de doutes grandissants sur les accusations d'espionnage portées par le constructeur automobile contre trois de ses cadres.

Le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, a annoncé de son côté qu'il donnerait une conférence de presse à 14h45 sur les évolutions de la procédure judiciaire. La réunion du conseil d'administration de Renault est prévue, elle, à 16h00.

L'enquête préliminaire ouverte en janvier semble n'avoir réuni aucun élément à l'appui des accusations d'espionnage au profit d'une puissance étrangère avancées par Renault. La procédure s'oriente désormais vers la piste d'une escroquerie.

A la suite d'une lettre anonyme mettant en cause de manière assez floue les cadres, un responsable du service de sécurité de la société, aidé d'une ou plusieurs autres personnes, aurait accrédité le scénario de l'espionnage en se prévalant d'une "source", imaginaire selon l'hypothèse désormais retenue.

De source judiciaire, on dit que le but aurait été de détourner la rémunération consentie par la société pour ces pseudo-informations, 250.000 euros en l'état de l'enquête.

Le responsable du service de sécurité de Renault soupçonné de ces faits, Dominique Gevrey, a été mis en examen dimanche pour "escroquerie en bande organisée" et placé en détention comme l'avait réclamé le parquet.

Il avait été interpellé vendredi à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle alors qu'il s'apprêtait à s'envoler pour la Guinée.

De source policière,on expliquait dimanche que les enquêteurs avaient réuni "un certain nombre d'éléments" contre lui. Il pourrait avoir agi avec un autre homme, employé d'une officine de renseignement privée habituée à travailler avec Renault. Mais le mécanisme de l'affaire n'est pas encore clair.

PÉLATA MENACÉ

Deux autres hommes placés en garde à vue au cours du week-end dernier ont été remis en liberté, aucune charge n'ayant été retenue contre eux.

Les cadres visés par la plainte et licenciés, Bertrand Rochette, Matthieu Tenenbaum et Michel Balthazard, se disent innocents et ont porté plainte pour dénonciation calomnieuse ou diffamation.

Les vérifications sur l'existence de comptes bancaires en Suisse et au Liechtenstein sur lesquels ils auraient été payés semblent n'avoir rien donné à ce jour.

Le groupe a déjà admis la semaine dernière par l'intermédiaire de son directeur général délégué, Patrick Pélata, qu'il pourrait avoir fait erreur.

Si l'erreur était avérée, "nous en tirerons toutes les conséquences jusqu'au niveau le plus haut de l'entreprise, c'est-à-dire jusqu'à moi", avait dit Patrick Pélata au Figaro.

Le PDG de Renault, Carlos Ghosn, pourrait quant à lui échapper aux conséquences de cette affaire, selon une source proche de Renault. "Carlos Ghosn a dit qu'il avait pris ses décisions sur la base des informations qu'on lui a données, ce qui se passe actuellement est fâcheux mais son départ ferait plus de mal que de bien à Renault", a dit cette source vendredi.

Carlos Ghosn avait déclaré en janvier avoir des "certitudes" et des preuves "multiples" justifiant le dépôt d'une plainte. Il avait reconnu le mois suivant qu'il ne s'était pas impliqué personnellement dans l'enquête.

"Si à chaque fois qu'il se passe quelque chose dans l'entreprise, vous devez vous-même prendre votre stylo et aller enquêter par vous-même pour vous assurer (de) tout ce qu'on vous dit, il n'y a plus d'entreprise", avait-il expliqué.

Thierry Lévêque et Gilles Guillaume, édité par Yves Clarisse