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Retards de livraison, fiabilité: le patron d'Emirates tance Airbus et Boeing

Alors que les compagnies de la planète sont dans une frénésie d'achats d'avions neufs, pour le prestigieux opérateur, les industriels doivent revoir leur copie.

Chez Emirates Airlines, on commence à perdre patience. Outre le fâcheux problème du 737 Max de Boeing, la compagnie aérienne basée à Dubaï s'agace des retards de livraison du géant américain pour de gros porteurs, mais tance également Airbus pour certains de ses moteurs.

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La plus importante compagnie du Moyen-Orient a commandé plus de 200 777-9 et 777-8 au géant américain, il devait commencer à les recevoir en 2020. Avec la crise du covid et celle de la chaîne d'approvisionnement en pièces, le calendrier de fabrication, de certification et de livraison a été progressivement repoussé à octobre 2025.

Mais le patron d'Emirates n'y croit plus. La livraison "du 777X aura probablement lieu à la fin de l’année prochaine et peut-être en 2026, si nous n’avons pas de chance. De toute évidence, il y a des problèmes", a lancé Tim Clark à Reuters. Emirates est le premier client de Boeing pour ce type d'avions.

Rolls-Royce critiqué

On rappellera également qu'au début du mois de février, face au scandale du 737 Max, il disait constater un "déclin progressif" des standards de Boeing, pointant du doigt des erreurs de gestion et de gouvernance de longue date, avec notamment une priorité accordée aux résultats financiers plutôt qu'à l'excellence technique. Un constat confirmé par un rapport d'audit de la FAA, le régulateur américain de l'aérien.

Le dirigeant n'est pas non plus tendre avec Airbus. Toujours auprès de Reuters, il a réitéré son refus de passer commande d'A350-1000 (le plus gros modèle de l'avionneur) tant que son moteur n'aura pas fait ses preuves.

Fabriqués par Rolls-Royce, ces moteurs Trent XWB-97 sont jugés problématiques par Emirates notamment parce qu'ils exigent des maintenances plus longues, notamment dans des pays où les conditions climatiques sont difficiles.

Si le groupe anglais a indiqué avoir pris des mesures pour améliorer leur fiabilité, Tim Clark ne semble pas convaincu et menace de changer son fusil d'épaule en renforçant ses commandes auprès de Boeing.

"Nous étions prêts sur l’A350-1000. Vous n’avez aucune idée de la quantité de travail que j’ai consacré à l’intérieur de ces avions", regrette-t-il.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business