BFM Business
Transports

Rénovation de la Gare du Nord: Ceetrus dénonce le manque de "loyauté" de la SNCF

Dans le même temps, le gouvernement a demandé à la SNCF de mettre en place au plus vite "un plan B" afin de rénover la première gare d'Europe avant les JO de Paris de 2024.

Le ton monte entre la foncière immobilière Ceetrus et la SNCF au lendemain de l'annonce de l'abandon du projet de rénovation de la Gare du Nord.

Pour la SNCF, ce projet dédié à la première gare européenne ne paraît plus réunir les conditions de réalisation prévues par le contrat en février 2019. En cause, "des dérives insuportables", soit un budget dépassé et trop de retards accumulés.

Ce mercredi, Ceetrus dénonce l'attitude de la SNCF, rappelant qu'il "a toujours agi dans l’intérêt du projet. Ceetrus regrette le manquement manifeste de son partenaire, SNCF Gares & Connexions, à ses responsabilités de co-actionnaire et à la loyauté requise entre les partenaires d’une entreprise commune, puisqu’il est pleinement partie-prenante à la réalisation du projet et à toutes les décisions afférentes dès son origine".

Traduction, SNCF Gares & Connexions ne pouvait pas ne pas être au courant des difficultés en cours et se défausse de ses responsabilités sur Ceetrus.

Déroute industrielle

Car, la concession n'a pas été confiée à Ceetrus mais bien à à SA Gare du Nord 2024 (StatioNord), une coentreprise formée par SNCF Gares & Connexions (34%) et la foncière Ceetrus (66%), cette dernière ayant la main pour la conception, les travaux et leur financement, ainsi que l'exploitation des boutiques pendant 46 ans.

"C'est une déroute industrielle, et pas du tout un problème politique", affirme-t-on au sein du groupe.

"Le projet est abandonné en l'état. La SNCF a indiqué son intention de prononcer la déchéance du contrat", et elle est "soutenue par le gouvernement", a résumé Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'Etat aux Transports.

Suite à cet abandon, le gouvernement a demandé à la SNCF de lancer un "Plan B" d'amélioration de la Gare du Nord avant les Jeux olympiques de 2024, beaucoup plus modeste que l'ambitieuse rénovation prévue au départ, mais envisage pour la suite un nouveau projet plus vaste à l'horizon 2030.

"On a demandé à la SNCF de préparer un projet beaucoup plus réduit, dans une dimension de l'ordre de 50 millions d'euros, pour faire des aménagements et répondre aux enjeux de 2023 et 2024", la Coupe du monde de rugby et les JO, a relevé mercredi matin Jean-Baptiste Djebbari.

"Le projet initial était de 600 millions d'euros et a glissé vers 1,5 milliard. (Il) s'est décalé de deux à trois ans dans le calendrier. C'est la chronique d'un projet qui s'est mal déroulé sur le plan technique", a-t-il regretté sur RMC/BFMTV.

La mairie de Paris a appelé à "ne pas reporter une nouvelle fois la modernisation et la rénovation de la gare".

Un "Plan C" ensuite

Un "Plan B" doit permettre, avec l'aide d'Arep, l'agence d'architecture de la SNCF, de la rénover pour les événements sportifs de 2023 et 2024.

"On démarre tout de suite, on s'y met dès aujourd'hui", a affirmé à l'AFP la directrice générale de SNCF Gares & Connexions, Marlène Dolveck.

Il s'agit selon elle d'ajouter des escaliers mécaniques, de renforcer la signalétique, de réaménager la gare routière, d'ajouter des places de stationnement pour les vélos, de revoir la zone des taxis et VTC, de pacifier les espaces jouxtant le bâtiment...

Le terminal transmanche doit également être réaménagé, avec une amélioration de la salle d'attente et des zones d'embarquement pour Eurostar.

"Après, il y aura un Plan C parce qu'on n'a pas abandonné l'idée d'avoir une gare prête à l'horizon 2030, pour accueillir nos voyageurs, car on anticipe qu'il y aura une importante augmentation des flux", a annoncé la responsable.

"Le cahier des charges est à définir" pour cette nouvelle transformation, qui doit être étudiée "en réflexion avec l'ensemble des acteurs publics", selon Mme Dolveck.

"Nous sommes disponibles et volontaires pour engager un nouveau projet de rénovation de la Gare du Nord qui soit au service des usagers du quotidien, de l'insertion urbaine et de l'intermodalité", a déclaré dans un communiqué Emmanuel Grégoire, premier adjoint de la maire PS Anne Hidalgo.

Olivier Chicheportiche avec AFP