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Renault pourrait disparaître sous sa forme actuelle, dit son PDG

Carlos Ghosn, le PDG de Renault, estime que la marque au losange pourrait disparaître "sous sa forme actuelle". Selon lui, le constructeur doit améliorer sa compétitivité pour faire face à un marché automobile en berne. /Photo prise le 27 septembre 2012/R

Carlos Ghosn, le PDG de Renault, estime que la marque au losange pourrait disparaître "sous sa forme actuelle". Selon lui, le constructeur doit améliorer sa compétitivité pour faire face à un marché automobile en berne. /Photo prise le 27 septembre 2012/R - -

PARIS (Reuters) - Le groupe Renault pourrait disparaître "sous sa forme actuelle" s'il n'améliore pas sa compétitivité en France, a déclaré...

PARIS (Reuters) - Le groupe Renault pourrait disparaître "sous sa forme actuelle" s'il n'améliore pas sa compétitivité en France, a déclaré vendredi son PDG Carlos Ghosn, tout en se disant confiant sur l'issue des discussions avec les pouvoirs publics et les syndicats sur la question du coût du travail.

Prié de dire si Renault pouvait "disparaître" dans le contexte de chute des ventes en Europe, Carlos Ghosn a déclaré sur RTL : "Sous sa forme actuelle, oui. Toute entreprise est liée à son pays, je ne connais aucune entreprise qui soit viable, qui puisse prospérer à partir d'une base qui ne soit pas compétitive."

"Toute entreprise a besoin d'une base naturelle, la base naturelle de Renault, c'est la France."

"Le danger est réel. Je ne vous parle pas d'un danger à trois mois ou à six mois (...) Je suis obligé de réfléchir sur des échéances de trois ans, de cinq ans et de dix ans."

Interrogé par la suite en marge d'une conférence de presse au Mondial de l'automobile, Carlos Ghosn a écarté l'idée que la France n'évolue pas en matière de compétitivité.

"Je ne me mets même pas dans cette perspective, je ne peux pas penser un instant que rien ne changera", a-t-il dit.

Il a confirmé l'ouverture prochaine de discussions avec les syndicats sur les moyens d'améliorer la compétitivité des usines françaises de Renault. De source syndicale, on avait précisé jeudi à Reuters que deux réunions sur ce dossier étaient programmées le 8 et le 23 octobre.

PAS DE SUPPRESSIONS DE POSTES "POUR L'INSTANT"

"(Il faut) des mesures concrètes sur un plan établi au niveau du pays d'un côté, au niveau des entreprises (de l'autre) Chacune doit faire son propre boulot", a dit Carlos Ghosn. "Il y a une série de mesures que nous devons prendre nous mêmes."

Le PDG de Renault a par ailleurs déclaré sur France 24 que les difficultés du groupe, si elles se confirmaient, conduiraient le groupe à réduire ses effectifs en France.

"Si nous voyons que nous sommes en face d'une baisse sensible et durable de la demande en France et en Europe, ce sera inévitable", a-t-il dit. "La décroissance des marchés va automatiquement induire une baisse de l'emploi dans les entreprises."

"Pour l'instant, nous n'avons pas de projet, nous n'avons pas de plan, mais nous regardons la situation de manière très prudente."

Contrairement à PSA Peugeot Citroën, qui annoncé en juillet 8.000 nouvelles suppressions d'emplois en France, Renault n'a pas pris de mesures drastiques, hormis quelques départs volontaires sur le site de Flins (Yvelines).

Carlos Ghosn, également PDG de Nissan, prévoit une baisse de 13% du marché automobile français et de 8% du marché européen cette année, et probablement un nouveau repli en 2013.

Les dirigeants des grands constructeurs ont tous livré le même message au Mondial de l'auto : l'année 2013 s'annonce tout aussi désastreuse que 2012 en Europe, ce qui rend le problème des surcapacités encore plus criant.

"Les marchés français et européens continuent de dégringoler, nous ne sommes pas sûrs d'avoir vu le fond", a même déclaré vendredi le directeur général de Renault Carlos Tavares, sur BFM Business.

"Nous sommes maintenant installés dans une situation qui va être durable plusieurs années", a-t-il dit. "Nous ne reviendrons pas à des niveaux de pré-crise au niveau des marchés avant trois à cinq ans."

"Il faut donc se préparer pour une période relativement longue, et donc ceci suppose que nous amenions la performance industrielle de nos sites en France au niveau du 'benchmark' d'autres sites européens."

En Bourse, l'action Renault cédait 0,35% à 36,94 euros à 14h00, contre un repli de 0,14% pour l'indice sectoriel européen de l'automobile.

Benjamin Mallet, avec Gilles Guillaume au Mondial, édité par Dominique Rodriguez