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Renault a de multiples certitudes sur l'espionnage, dit Ghosn

Carlos Ghosn, PDG de Renault, assure que le constructeur français dispose de "multiples certitudes" relatives à l'espionnage industriel dont il se dit victime. /Photo d'archivesREUTERS/Jacky Naegelen

Carlos Ghosn, PDG de Renault, assure que le constructeur français dispose de "multiples certitudes" relatives à l'espionnage industriel dont il se dit victime. /Photo d'archivesREUTERS/Jacky Naegelen - -

PARIS (Reuters) - Renault a des preuves "multiples" dans l'affaire d'espionnage industriel dont sont soupçonnés trois cadres, a déclaré dimanche...

PARIS (Reuters) - Renault a des preuves "multiples" dans l'affaire d'espionnage industriel dont sont soupçonnés trois cadres, a déclaré dimanche le PDG du groupe, Carlos Ghosn.

Il a assuré que ce dossier n'affecterait "en aucun cas" les projets de Renault dans le domaine des véhicules électriques.

"Nous avons des certitudes. Si on n'avait pas de certitudes, nous n'en serions pas là", a déclaré Carlos Ghosn sur TF1.

Prié de préciser les preuves dont dispose le groupe, il a répondu : "Elles sont multiples et c'est bien pourquoi nous avons déposé une plainte contre X."

L'avocat de l'un des trois cadres soupçonnés avait auparavant appelé le dirigeant à apporter des preuves de ses accusations, en dénonçant le flou du dossier et "une formidable campagne de communication" de Renault.

"Nous interpellons le président de Renault pour qu'il apporte des preuves", avait déclaré à Reuters Me Pierre-Olivier Sur, l'un des défenseurs de Michel Balthazard, un des trois cadres mis à pied.

Carlos Ghosn a répondu qu'il appartenait à la justice d'évoquer cette question. "Nous allons collaborer et nous allons être très discrets sur cette affaire", a-t-il dit.

Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a déclaré dimanche sur radio J que le groupe aurait dû informer l'Etat beaucoup plus tôt, au lieu d'attendre la fin de son enquête interne.

"Il faut respecter quand même les procédures internes de l'enquête", s'est défendu le PDG de Renault, affirmant qu'il n'aurait pas pu commencer à communiquer sans les conclusions du comité de déontologie et des différents responsables.

Il a confirmé que les fuites concerneraient le modèle économique des véhicules électriques, et non leur technologie. "Nous n'avons aucun preuve que la technologie elle-même était l'objet de cette démarche", a-t-il dit.

PAS ÊTRE UNE "CIBLE MOLLE"

Le PDG de Renault n'a pas voulu dire si les soupçons visaient la Chine. "C'est à la justice de le déterminer, ce n'est pas à nous", a-t-il insisté.

L'avocat du groupe avait parlé d'une "puissance étrangère" lors du dépôt de la plainte contre X déposée par Renault le 13 janvier "pour des faits constitutifs d'espionnage industriel, de corruption, d'abus de confiance, de vol et recel, commis en bande organisée".

Carlos Ghosn a souligné que Renault et son partenaire Nissan étaient en avance de deux à trois ans sur leurs concurrents et qu'ils ne voulaient pas apparaître "comme une cible molle".

"Nous sommes en plein dans l'offensive et nous savons que ça intéresse beaucoup les concurrents."

Le parquet a annoncé le 14 janvier l'ouverture d'une enquête préliminaire de police sur ce dossier.

Les trois cadres visés par Renault, mis à pied dans un premier temps, ont été licenciés. Ils ont depuis annoncé le dépôt d'une plainte pour dénonciation calomnieuse ou diffamation selon les cas. Tous trois nient les accusations en bloc et se disent abasourdis.

Michel Balthazard, membre du comité de direction de Renault depuis 2008 et qui chapeaute le programme véhicules électriques chez Renault, voit ainsi dans les accusations d'espionnage industriel "une grave atteinte à (sa) dignité et à (son) intégrité".

Me Pierre-Olivier Sur estime que le dirigeant de Renault n'apporte aucune réponse concrète à une "affaire trouble" et voit un début de "marche-arrière" lorsque le PDG évoque des visées sur le modèle économique de Renault.

L'avocat souligne également que des sources proches de l'enquête ont évoqué l'existence d'un double compte offshore, en Suisse et au Lichtenstein.

"Donc, il y a une traçabilité des flux financiers. Qu'on nous indique quelle est cette traçabilité et on s'apercevra qu'elle ne tient pas debout puisque mon client dit qu'il n'a jamais eu de compte offshore", dit-il. "Il y a donc une erreur."

Prié de dire sur TF1 de dire si ces comptes avaient été fermés depuis le début de l'enquête, Carlos Ghosn n'a pas voulu confirmer ce point.

(Gérard Bon, édité par Jean-Stéphane Brosse