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Transports

Pour les compagnies aériennes, l'été s'annonce très porteur

Des destinations inédites pour Air France, un programme qui pourrait atteindre 90% de la normale pour EasyJet, des gros porteurs exploités sur le réseau moyen-courrier... En attendant le retour des voyages d'affaires, les compagnies tablent sur un retour massif des passagers loisirs.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce vendredi, le ciel a retrouvé son encombrement d’avant la crise. Selon le site Flightradar qui, partout dans le monde, suit à la trace les vols commerciaux, le trafic atteint ce jour-là était équivalent à celui du 19 décembre 2019 avec près de 200 000 vols effectués en 24 heures.

Certes, en temps normal, l’offre de la mi-juin excède celle de la mi-décembre. Et on ignore évidemment le taux de remplissage moyen des avions ayant décollé ou atterri ce vendredi. Mais ces 200.000 vols donnent clairement le la d’une saison estivale très prometteuse pour les compagnies aériennes. Toutes d’ailleurs se sont mises en ordre de bataille pour profiter à plein de cette envie très partagée de voyager, de changer d’air.

23 destinations totalement nouvelles pour Air France

Air France a ainsi repensé son offre pour l’adapter à la situation très particulière de cet été. Du fait des restrictions sanitaires, la compagnie nationale ne peut pas compter sur un trafic long courrier habituel. Elle a mis la priorité sur le réseau court et moyen-courrier et notamment sur les destinations "soleil", n’hésitant pas à multiplier les dessertes saisonnières.

Parmi elles, 23 sont même totalement nouvelles. On verra ainsi cet été des avions Air France à Malte, Monastir, Tanger et Gran Canaria. Pour séduire les amoureux de la Grèce, la compagnie propose carrément des vols directs depuis Paris vers sept aéroports différents, dont ceux de Rhodes et Corfou, jusqu’alors jamais desservis. De quoi quasiment doubler l’offre habituelle de sièges.

Transavia passe à 22 dessertes entre la France et l'Espagne

Au total, sur son réseau court et moyen courrier, l’offre estivale d’Air France équivaudra à 80% de son niveau d’il y a deux ans. On parle bien ici du nombre de billets à vendre. Air France ne communique pas pour le moment sur le niveau des réservations. Seule certitude, ce rebond du trafic permet d’ores et déjà à la compagnie de sortir de l’ornière financière dans laquelle elle était encore embourbée il y a quelques semaines.

Air France ne perd donc plus 10 millions d’euros par jour. Et, grâce à la montée en puissance de Transavia, sa maison-mère va pouvoir profiter cette année à plein de l’engouement des Français pour les destinations situées à moins de quatre heures de vol. Sa filiale low cost propose par exemple 22 dessertes différentes entre la France et l’Espagne. Du jamais vu!

EasyJet prête à monter à 90% de l'offre de 2019

La concurrence s’annonce néanmoins très rude. Toutes les compagnies sont sur le pied de guerre pour profiter de cette embellie estivale. EasyJet n’hésitera pas à ajouter des vols par rapport à son programme actuel si la demande augmente. La semaine passée, Bertrand Godinot, directeur pour la France et les Pays-Bas de la compagnie britannique, envisageait sur France Info, d’ajouter de nouveaux vols au programme initialement prévu.

"On a une limite en nombre d'avions mais on pourra se rapprocher quasiment à 90% des niveaux qu'on avait il y a deux ans si la demande est là" expliquait-il alors. Volotea est également en ordre de bataille. Cette compagnie low cost espagnole vient d’ouvrir à l’aéroport Saint Exupéry sa sixième base en France avec une offre qui représentera 332.000 sièges sur le deuxième semestre.

Des avions gros porteurs pour des vols de 3 heures

Certaines compagnies prévoient même de faire voler des gros porteurs sur leur réseau moyen-courrier. Même si ce n’est pas une première, il est quand même assez rare qu’en Europe, des avions destinés aux vols long courrier soient exploités pour desservir des aéroports situés à moins de trois heures. Mais faute de pouvoir les faire voler vers l’Asie ou les Etats-Unis, leur utilisation sur des liaisons très demandées permet d’accroitre la rentabilité et ne rater aucune vente.

D’où cette décision de Lufthansa d’utiliser ses Boeing 747-8 pour répondre à l’envolée des réservations vers Palma de Majorque, la destination fétiche des Allemands. Air France envisage de son côté de remplacer par des B777 certains des A320 ou A321 programmés pour assurer la desserte du Maroc qui, après une longue fermeture des frontières, s’attend à un flot massif de passagers cet été.

De quoi faire le gros dos en attendant le grand retour des lucratifs voyages d'affaires qui, s'il intervient un jour, n'est clairement pas pour cette année. Selon l'Iata, les pertes annuelles cumulées des compagnies aériennes pourraient atteindre près de 48 milliards de dollars.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco