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Transports

Pendre moins l'avion pour préserver la planète? Ce n'est pas pour demain

Cette année, le nombre de sièges proposés par les compagnies dans le monde devrait dépasser celui de 2018 et 2019 selon une étude même si dans le même temps, le nombre de vols diminuera.

Pour de nombreux experts du climat, réduire l'impact de l'aviation sur les émissions de gaz à effet de serre ne peut passer que par la réduction du nombre de passagers et de vols. Certains comme Jean-Marc Jancovici recommandent même de ne prendre l'avion que quatre fois dans sa vie.

Dans de nombreux sondages, cette aspiration à moindre prendre l'avion et à se reporter par exemple vers le train se confirme. Reste qu'entre l'intention et la réalité, il y a un certain fossé.

Alors que le trafic aérien a retrouvé l'an passé les niveaux de l'ère pré-covid, rien ne semble pouvoir enrayer cette reprise forte pour le moment.

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Selon le rapport trimestriel* sur les tendances mondiales de FCM Consulting, citant des données de Cirium, "la capacité mondiale du transport aérien devrait (en 2024) dépasser le nombre annuel de vols en 2018 et 2019".

Reprise du voyage d'affaires

Ainsi, si le nombre de vols est sur une tendance un peu baissière (-5,6% à 2,1 millions au premier semestre 2024 par rapport à 2019), l'offre en sièges continue à bondir: +3,5% soit 97,9 millions en plus.

"Cela résulte des changements de configuration de la flotte et des changements d'horaires pour répondre à la demande. Lorsqu'ils sont soigneusement planifiés, ces changements sont favorables aux coûts d'exploitation des compagnies aériennes, à la gestion des personnels, aux créneaux horaires des aéroports et aux coûts aéroportuaires", commente Antonio Iglesias, Head of Consulting EMEA de FCM Consulting.

L'étude met également en avant la reprise du voyage d'affaires dans le monde. "Le quatrième trimestre 2023 achève une année charnière, les voyages d'affaires ayant été les plus actifs et les moins interrompus depuis plus de quatre ans. Les voyageurs d'affaires sont devenus plus confiants que les années précédentes, et programment des voyages en 2024, à la fois pour développer leur activité et pour se rapprocher de leurs clients et de leurs collègues ", poursuit l'expert.

C'est en Afrique que l'offre de sièges va le plus augmenter pendant le premier semestre (+11% et +6% en nombre de vols), devant le Moyen-Orient et l'Amérique du Nord (+7%), l'Amérique latine (+6%) et l'Asie (+3%).

En Afrique, une croissance à deux chiffres

En Europe, l'étude table au contraire sur une baisse du nombre de sièges proposés (-1%) tout comme le nombre de vols (-8%). Preuve peut-être d'une prise de conscience un peu plus forte par rapport à d'autres zones géographiques où les classes moyennes émergentes découvrent les voyages en avion.

"Parmi les principales compagnies aériennes mondiales, nous prévoyons que le nombre de sièges proposés en 2024 sera supérieur de 2% à celui de 2019 et que le nombre de vols diminuera quant à lui de 6%.",poursuit-il.

Pour, Jean-Marc Jancovici "Est-ce que c'est un drame de prendre moins l'avion?". "Il vaudrait mieux que non, parce que de toute façon l'avion est né avec le pétrole et il n'y a pas de substitut à l'échelle".

Électricité, hydrogène ou biocarburant sont présentés comme des solutions possibles, mais "pour faire quatre milliards de passagers par an, ça ne passe pas", avance-t-il. "Ça passe pour beaucoup moins que cela et donc, de toute façon, il faudrait diminuer progressivement le trafic aérien".

*: Le rapport trimestriel de FCM Consulting s'appuie sur des données mondiales provenant de FCM Travel et des données de réservation d'entreprise de Flight Centre Travel Group pour les voyages effectués entre octobre et décembre 2023 (Q4-2023). Le rapport utilise les données sur les horaires d'aviation de Cirium au 18 janvier 2024. Les variations de prix des billets d'avion excluent toutes les taxes.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business