BFM Business
Transports

"Pas adapté à une route standard": clap de fin pour la première route solaire de France

Le résultat de cette expérimentation se révèle mitigé. Si le dispositif n'a pas permis de produire de l'électricité de matière pérenne, il s'est avéré être un laboratoire à ciel ouvert pour les dalles photovoltaïques.

"Le premier revêtement photovoltaïque circulable au monde" tire sa révérence. La route solaire de Tourouvre (Orne), la première inaugurée en France, par Ségolone Royal, alors ministre de l'Environnement en 2016, va être démantelée. Les dalles photovoltaïques installées sur un petit fragment d'une départementale vont disparaître dans les prochaines semaines, selon Ouest-France.

Née d'une volonté gouvernementale de lancer une expérimentation d'énergie solaire sur les routes, le projet a été construit par la société Wattways, filiale de Colas. L'État a injecté cinq millions d'euros avant que l'entreprise ne prenne le relais. Son directeur n'a pas souhaité révélé le montant total de l'opération.

Le résultat de cette expérimentation se révèle mitigé. La première phase, qui a eu lieu entre 2016 et 2019, est considérée comme décevante. La route solaire a fourni moins d'énergie que prévu et les équipements se sont vite abîmés. De nouveaux panneaux ont été installés en 2020 puis 2021 avec, là aussi, un rendement en deçà des attentes.

Si le dispositif n'a pas permis de produire de l'électricité de matière pérenne à Tourouvre, il s'est avéré être un véritable laboratoire à ciel ouvert pour les dalles photovoltaïques.

RMC : 12/07 - La chronique d'Anthony Morel : Et si les routes pouvaient produire de l'électricité ?
RMC : 12/07 - La chronique d'Anthony Morel : Et si les routes pouvaient produire de l'électricité ?
4:02

"L’objectif, c’était de maturer un produit en le testant dans des conditions difficiles, souligne Simon Raoult, directeur des grands projets au conseil départemental de l’Orne auprès de Ouest-France. Les dalles ont été soumises à un climat agressif de circulation: voitures, poids lourds, tracteurs… Cela a permis à l’entreprise Wattways d’arriver à une conclusion: son équipement n’est pas adapté à une route standard."

Wattways a ainsi décidé d'abandonner des projets installés sur des réseaux routiers pour se concentrer vers des voies moins empruntées, à l'instar de pistes cyclables. Depuis, la société a obtenu plusieurs contrats, remportant des appels d'offres en Europe, au Japon et aux États-Unis.

"On a beaucoup appris à Tourouvre, estime Étienne Gaudin, le directeur de Wattways auprès de Ouest-France. Dans la compétition mondiale, nous sommes les plus avancés sur le sujet. L’Orne a contribué à ce succès: la solution installée en 2020 à Tourouvre a été commercialisée dans une cinquantaine de sites."

Pour Wattways, il ne reste plus qu'à remettre la route en état du côté de Tourouvre. La société, qui s'est engagée à prendre en charge la désinstallation des dalles photovoltaïques.

Théodore Laurent