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Transports

Nouveau psychodrame autour du rachat d'Ita par Lufthansa

La compagnie aérienne allemande menace d'abandonner le rachat partiel de l'ex-Alitalia si la Commission européenne lui impose trop de concessions.

On croyait le dossier bouclé mais le rachat d'Ita, l'ancienne Alitalia, est à nouveau compromis.

Le géant allemand Lufthansa menace d'abandonner le projet de rachat partiel de la compagnie aérienne italienne si la Commission européenne lui impose trop de concessions pour protéger la concurrence, relate le quotidien transalpin La Repubblica.

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Pour rappel, après des mois de négociations et d'annonces avortées, la proposition de Lufthansa d'acheter 41% d’Ita Airways pour 325 millions d'euros avec une option d'achat des actions restantes, avait été validée par le gouvernement italien. La prise de participation a été officialisée en mai dernier mais devait obtenir l'autorisation de Bruxelles.

La colère allemande est due aux nombreux "remèdes" imposés par Bruxelles pour valider l'opération après une enquête approfondie. Au total, ces concessions généreraient des coûts supérieurs aux gains attendus par ce rachat, avance la presse italienne. Au point d'inciter la Lufthansa à se "désengager" aurait indiqué la compagnie lors d'une réunion dédiée avec des commissaires européens.

Pour la Commission, l'opération pose plusieurs problèmes de concurrence, notamment une position jugée trop dominante pour les liaisons entre l’Italie et l‘Europe centrale, l’Amérique du Nord, l’Inde et le Japon.

"Grotesque"

Il n'y a donc toujours pas de feu vert de la part de Bruxelles qui se réserve le droit d’instruire le dossier de rachat au-delà de la date limite du 6 juin 2024, selon La Repubblica.

Du côté de Rome, on s'agace également de la tournure des événements. "Ce feuilleton devient grotesque", s'emporte l'opposition, tandis que le gouvernement s'interroge sur les intentions de la Commission.

"La Commission européenne, qui nous demande depuis des années de trouver une solution, la bloque lorsque nous la trouvons", s'interroge Giorgia Meloni, la Première ministre italienne.

Pour certains, il s'agirait de protéger les intérêts d'Air France-KLM qui redouterait la naissance d'un concurrent trop puissant. La compagnie franco-néerlandaise s'était également portée candidate dans le processus de sauvetage d'Ita, avant de renoncer.

Reste qu'un abandon du rachat par le géant allemand serait une mauvaise affaire. L'Italie "représente le marché le plus important en dehors des pays d’origine du Groupe et des États-Unis", soulignait la compagnie.

Deal important pour Lufthansa

"L’Italie est la troisième économie de l’UE, avec une économie fortement tournée vers l’exportation. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles les voyages d’affaires à destination et en provenance de l’Italie sont importants. Pour les voyageurs privés, le pays méditerranéen est l’une des destinations de loisirs les plus populaires au monde".

Lufthansa évoquait un accord "gagnant-gagnant" "car une ITA plus forte dynamisera la concurrence sur le marché italien" ajoute Carsten Spohr, directeur général de Deutsche Lufthansa AG.

"Cet investissement nous permettra de poursuivre notre croissance sur l’un de nos marchés les plus importants", ajoute-t-il.

Au bord de la faillite, Alitalia avait été placée sous tutelle de l'administration publique en 2017 et sa situation s'était encore dégradée sous l'effet de la crise du Covid-19. S'en était suivi un processus de recherche de partenaires privés pour une prise de participation.

Ita exploite une flotte d'appareils récents, notamment 68 avions Airbus, mais réduite de moitié par rapport à Alitalia. 23 nouveaux avions devraient s'ajouter d'ici fin 2027, selon son plan industriel élaboré en commun avec Lufthansa qui est désormais en suspens.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business