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Moto : le gilet airbag bientôt recommandé ?

23% des morts sur la route sont des motards

23% des morts sur la route sont des motards - -

Le Conseil national de la sécurité routière proposera lors de sa prochaine réunion de recommander le gilet airbag pour les motards. Une solution efficace dans certains cas, mais qui ne fait pas l’unanimité chez les conducteurs de deux-roues.

Ils représentent un quart des tués sur les routes, et le gouvernement voudrait réduire ce chiffre : comment limiter les accidents des motards ? Recommander le port d'un gilet-airbag sera donc proposé lors du prochain Conseil national de la sécurité routière. Une solution qui plaît aux assureurs mais ne convainc pas tous les motards qui estiment pour certains qu’elle n’est pas suffisante.

« Le gilet airbag a ses limites »

Ressemblant à des gilets de sauvetage pour les plus basiques ou à une veste en cuir, ils sont prévus pour se gonfler en cas de choc ou si le motard est éjecté de son deux-roues. « C’est un système avec l’airbag à l’intérieur. Quand vous êtes éjecté, ça dégoupille la cartouche dans le gilet, qui va gonfler l’airbag, notamment au niveau des cervicales », explique Jean baptiste Beaudonnet du magasin Speedway à Paris. Une sécurité qui a un prix : entre 450 et 1 000 euros. « Le gilet airbag a ses limites. Les bras, les jambes, pour ça, on n’a aucune solution », pense Jamel, un motard, alors que son ami Hakim regrette le coût : « C’est le prix d’un scooter, je n’ai pas les moyens de payer un airbag à 900 euros, et ce n’est pas ça qui va me sauver ». Dominique, 44 ans, considère pourtant qu’il doit la vie à son gilet, lorsqu’il a été percuté par une voiture l’été dernier. « C’est comme si quelqu’un vous compresse. Normalement, quand on est percuté, on part dans tous les sens, là, on a vraiment la sensation que quelqu’un vous tient », raconte le motard sur RMC.

« Très efficace pour les chocs entre 20 et 60 km/h »

Gérard Thevenot, créateur de la société Helite qui fabrique des airbags pour moto, assure en effet que ses produits peuvent sauver des vies dans certains cas. « Lorsqu’on fait des simulations numériques, on a des très bons résultats, particulièrement dans les accidents entre 20 et 60 km/h, puisqu’au-delà, un crash à 90 km/h contre un camion, airbag ou pas, de toute façon la tête n’est plus là. Donc on travaille pour être très efficace pour les chocs qui ont lieu entre 40 et 60 km/h et qui représentent la majorité des accidents, car ce sont les accidents en zone urbaine ».

« Des indemnités plus importantes avec certaines assurances »

Et même les assureurs s’y mettent. Pour eux, c’est un moyen de s’assurer que leurs clients ne prennent pas trop de risques. « Si la personne porte son gilet au cours d’un accident qui entraîne des séquelles corporelles au-delà de la protection du gilet, il y aura des indemnités plus importantes avec certaines assurances », explique Hervé Gicquel, directeur général de Club 14, une association de motards créée à la base pour faciliter leur assurance. « Ça les intéresse parce que l’accidentologie corporelle en moto se réduit beaucoup moins qu’en auto, et que les séquelles sont de plus en plus graves. C’est extrêmement dommageable pour le client, mais aussi pour la compagnie qui va devoir verser des indemnités extrêmement importantes ».

« Ce n’est efficace qu’en complément »

Mais si le gilet airbag a su séduire, il n’est pas suffisant pour autant, estime Frédéric Jeorge, membre du bureau national de la FFMC (Fédération française des motards en colère). « L’airbag en soi n’est pas quelque chose de mauvais, mais ce n’est pas la priorité. Alors c’est sûr, ça va faire plaisir aux fabricants d’airbags, mais ça nous semblerait plus judicieux de commencer à travailler sur l’équipement de façon générale, d’inciter les conducteurs à porter en toutes circonstances gants, blouson, etc., alors que ça a été très peu fait pour l’instant et que ce serait vraiment une priorité. Quand on voit certaines personnes porter un gilet airbag sur un t-shirt, c’est qu’ils n’ont rien compris, ce n’est efficace qu’en complément du reste de l’équipement. On est un peu en train de dire qu’on va mettre un jacuzzi à des gens qui n’ont pas encore de salle de bain ». Reste maintenant à voir ce que décidera de faire le Conseil nation de la sécurité routière. Le précédent gouvernement avait suggéré le port d'un gilet fluorescent pour les motards, qui s'était finalement réduit à un brassard réfléchissant, finalement lui aussi abandonné.

Mathias Chaillot avec Jamila Zeghoudi