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Lyon-Barcelone et Marseille-Madrid: la Renfe lancera ses trains en juillet

L'opérateur espagnol se fait pour le moment discret sur ce lancement et met la dernière main à son outil de distribution pour la vente de billets.

Voilà un nouveau concurrent pour la SNCF sur les lignes longues distances à grande vitesse. Selon nos informations, l'opérateur espagnol Renfe va débuter ses opérations en France dès juillet prochain. Deux lignes seront proposées: Lyon-Barcelone et Marseille-Madrid. Deux allers-retours par jour seraient prévus.

Après avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires, formé ses conducteurs, réservé ses droits de passage (sillons) et mené des tests sur le réseau, le Renfe entre dans le concret mais, pour le moment, en toute discrétion.

Il semblerait en effet que l'outil de distribution, la vente de billets, ne soit pas encore totalement finalisé. Pour le reste, tout est prêt, selon une source proche du dossier.

Un Paris-Barcelone en 2024?

Alors que certains acteurs européens du rail se plaignent du coût élevé des péages à payer pour faire circuler des trains sur les LGV (lignes à grande vitesse), il semblerait que la Renfe n'ait pas obtenu de tarif préférentiel auprès de SNCF Réseau, l'entité qui gère, maintient et commercialise les voies auprès des opérateurs ferroviaires.

En effet, contrairement à Trenitalia qui a obtenu pour deux ans ce "tarif différencié", l'espagnol ne créé pas un nouveau service mais reprend en fait celui qu'il proposait conjointement avec la SNCF. Fin 2022, cette dernière a en effet mis fin à son partenariat de 2013 avec l'espagnol sur plusieurs trajets directs dont Lyon-Barcelone qui n'est donc plus opéré par la SNCF.

D'ailleurs, en 2024, si ce lancement est concluant, la Renfe pourrait lancer une liaison Paris-Barcelone, voire un Paris-Lyon et ainsi concurrencer frontalement la SNCF.

Mais le groupe devra investir davantage puisque l'an prochain, le prix des péages augmentera encore de 7%. Dans le même temps, il devra proposer une politique tarifaire agressive, notamment sur Paris-Lyon où les prix sont déjà bas.

Il faudra par ailleurs faire rouler un nombre suffisant de trains sur la ligne pour la rentabiliser alors que la SNCF occupe le terrain avec 23 rotations par jour.

Une concurrence encore discrète

En tout cas, cette arrivée est une réponse du berger à la bergère puisque la SNCF a attaqué le marché espagnol avec son offre low cost Ouigo sur deux liaisons: Madrid-Barcelone et Madrid-Valence.

Avec succès, forçant son concurrent à lancer lui aussi une offre à bas prix. Ce qui a eu pour conséquence de faire baisser de manière drastique le prix du train en Espagne, pays où ce mode de transport a historiquement toujours été plus cher.

Plus globalement, c'est une bonne nouvelle pour la concurrence dans le rail français qui pour le moment en manque cruellement. A date, seul l'italien Trenitalia affronte la SNCF sur son axe le plus rentable (Paris-Lyon) tandis qu'une multitude de petits acteurs essayent de se lancer.

Mais ils sont confrontés à des problèmes de financement et d'accès au matériel roulant retardant de facto leurs calendriers. Pourtant, les effets de la concurrence sont largement positifs pour le marché: plus il y a d'acteurs, plus le gâteau du rail grossit et plus les prix baissent.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business