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Transports

LGV: Paris-Toulouse en 3h10, les travaux ont enfin commencé

Les travaux pour construire une ligne à grande vitesse entre Toulouse et Bordeaux ont débuté ce mardi et devraient s'achever en 2031 pour une mise en service un an plus tard.

Après de nombreux retards et tergiversations, et malgré une opposition forte des écologistes, le grand chantier pour la ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse a enfin démarré, 30 ans après que le projet ait été pour la première fois annoncé.

La "première pierre" des travaux d'aménagements ferroviaires au nord de Toulouse a été posée en grandes pompes le 7 mai dernier.

C’est l’un des plus grands chantiers d’infrastructure de transport en France, avec un investissement total de 14 milliards d'euros financé par l'Etat (40%), les collectivités territoriales (40%) et l'Union européenne (20%) pour au global 418 kilomètres de lignes nouvelles.

Un projet à 14 milliards d'euros

C'est aussi l'ultime grand projet de LGV en France, l'Etat et la SNCF souhaitant désormais se concentrer sur la régénération du réseau secondaire.

Au programme de cette première phase de travaux: 19 kilomètres de doublement de voies au nord de Toulouse, 12 kilomètres au sud de Bordeaux, la construction de trois gares et deux haltes, et l'installation de 1.500 poteaux caténaires.

A terme (en 2031), grâce à ce nouveau tronçon, Paris et Toulouse seront reliées en 3h10, soit une heure de moins qu'actuellement. La ligne traversera cinq départements et permettra d'éviter l'émission de 340.000 tonnes de CO2 par an, affirment les parties prenantes. Et Toulouse sera à 1h05 de Bordeaux.

Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit également une phase 2 avec la construction d’un tronçon entre Bordeaux et Dax, dans les Landes, destiné à être prolongé vers l’Espagne en direction de Saint-Sébastien et Madrid.

Carte de la future LGV entre Bordeaux et Toulouse
Carte de la future LGV entre Bordeaux et Toulouse © Société dy Grand Projet Sud-Ouest

"Dans quelques années maintenant, Toulouse et l’Occitanie seront enfin connectées à la grande vitesse. Vers Paris d’une part, mais aussi vers le Sud de l’Europe. Cette infrastructure nous permettra par ailleurs d’augmenter la fréquence des trains du quotidien sur l’axe Toulouse-Montauban, à la manière d’un RER", se félicite Carole Delga, présidente de la région Occitanie, région qui investira le plus dans le projet.

"Comme beaucoup d’entre nous le réclament, les aménagements qu’elle implique permettront un véritable bond en avant pour les trains du quotidien (avec un RER métropolitain, NDLR) et le développement du fret", ajoute Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole "car le nombre de voies sera doublé".

Injustice réparée ou aberration économique?

Les élus soulignent la réparation d'une sorte d'injustice, "nous sommes la seule capitale régionale à ne pas avoir de desserte" à grande vitesse, souligne l'édile. 

Il est vrai que cette nouvelle LGV est très attendue par les habitants et les entreprises des zones concernées. Selon un sondage Odoxa, près de 8 Français sur 10 et plus de 9 Espagnols sur 10 l'approuvent. Par ailleurs, 10.000 emplois directs et indirects pourraient être créés.

Mais le projet est loin de faire l'unanimité. Il est ainsi fortement contesté par Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux. Il dénonce "un projet du passé", car le chantier "occuperait 4.830 hectares de terres naturelles, agricoles et forestières" et serait donc en contradiction avec les ambitions écologiques de l'Etat.

Le collectif "LGV Non merci" qualifie cette LGV "d'aberration" écologique et économique. Notamment parce qu'une partie du projet sera financé à travers une taxe spéciale d’équipement (TSE), prélevée sur 2.340 communes situées à moins de 60 minutes en voiture d’une future gare desservie en TGV.

Ainsi, juste avant l'inauguration des travaux, 700 panneaux où l'on pouvait lire "Ici on paiera la taxe LGV pendant 40 ans" ont été posés à l'entrée de plusieurs de ces communes qui refusent d'être ponctionnées.

"Ceci est symptomatique d’une situation désastreuse où des communes s’endettent pour financer un projet qui ne leur est d’aucun intérêt, tandis que les moyens manquent de toute part pour financer le service et le réseau existants", explique le collectif.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business