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Les ouvriers de Renault-Douai inquiets mais pas surpris

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par Pierre Savary DOUAI, Nord (Reuters) - Les salariés de l'usine Renault de Douai, à l'arrêt jusqu'au 1er novembre sur décision de leur...

par Pierre Savary

DOUAI, Nord (Reuters) - Les salariés de l'usine Renault de Douai, à l'arrêt jusqu'au 1er novembre sur décision de leur direction, se disent peu surpris mais inquiets de la conjoncture économique et du marché de l'automobile.

La direction de l'usine Renault de Douai, qui emploie 4.800 salariés et produit des Scenic et Mégane coupé cabriolet, a imposé quatre journées "non travaillées" à ses salariés les 26, 27, 28 et 31 octobre.

Ces journées ne sont pas des journées de chômage partiel, elles sont payées aux salariés et issues d'un "capital temps collectif" que peut gérer la direction dans le cadre des accords sur la flexibilité du temps de travail signés par les syndicats (à l'exception de la CGT).

Les salariés, en réduisant des temps de pause, en travaillant plus certaines semaines, alimentent un compte, dans lequel ils peuvent - comme la direction - puiser pour poser des journées non travaillées issues de ce compte.

"On le savait, cela avait été annoncé en CE, ce n'est pas une surprise", a expliqué mercredi à Reuters Thierry Patrice, ouvrier syndiqué à la CFDT.

"En revanche, ce qui est plus inquiétant, c'est l'annonce en début de semaine d'autres journées en novembre et décembre, c'est la preuve que cela ne va pas bien", ajoute-t-il.

Alfred Deguines, secrétaire général adjoint de la CGT à Douai, partage la même inquiétude mais veut voir dans l'augmentation des commandes prévues en novembre un signe d'espoir : "On fabrique 800 véhicules par jour, il y avait 450 commandes en octobre, on est remonté à 700 en novembre", observe-t-il.

FINS DE MOIS DIFFICILES

Les ouvriers de Renault-Douai profitent pour ceux qui sont parents des vacances scolaires avec leurs enfants, d'autres pensent d'abord à se reposer ou à tenter d'arrondir les fins de mois.

"Je travaille chez des amis chez qui je fais des travaux d'aménagement, vu notre salaire il faut bien pour vivre faire autre chose à coté", témoigne sous couvert d'anonymat un ouvrier, la trentaine, qui reconnaît travailler "au noir" sur ces journées non travaillées.

Fatalistes, les ouvriers de Renault-Douai veulent aussi voir dans l'avenir des raisons d'espérer, même en période de crise

"Bien sûr, entendre les déclarations du PDG de PSA qui parle perte d'emplois, cela inquiète sur la santé du marché automobile mais en 2013-2014, il y aura des nouveaux modèles pour remplacer ceux existant et les ventes repartiront. Le plus dur, c'est de passer le cap de 2012. Là, oui, c'est inquiétant", estime Alfred Deguines, persuadé qu'il faudra "se serrer la ceinture".

Gérard Lolivier, "35 ans chez Renault dont 25 à entendre que l'on va bientôt fermer", estime lui aussi que 2012 sera un cap difficile. "On va galérer en terme de production", dit-il.

Pour ce syndiqué Force Ouvrière, "la chute des commandes au Portugal, en Grèce, en Espagne et en Italie explique les difficultés du groupe".

Tous s'interrogent aussi sur les délocalisations des futurs modèles, persuadés que les ventes repartiront avec les nouveaux modèles à condition qu'ils ne soient pas produits à l'étranger, dans les usines slovènes ou marocaines de Renault.

Edité par Patrick Vignal