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Transports

Les aéroports contre le retour des liquides dans les avions

L’interdiction limitant les liquides à 100 ml par contenant doit être levée en 2013.

L’interdiction limitant les liquides à 100 ml par contenant doit être levée en 2013. - -

Depuis 2006, sur décision de la Commission européenne, les liquides à bord des cabines doivent être contenus dans des pochettes scellées ne dépassant pas 100 millilitres. Cette règle doit théoriquement prendre fin en avril prochain, mais les aéroports sont contre.

En 2010, la commission européenne avait donné 3 ans pour que les aéroports s'équipent en détecteurs de liquides explosifs fiables. Car l’interdiction limitant les liquides à 100 ml par contenant doit être levée en 2013. A cette date, on pourra donc de nouveau voyager des liquides dans les cabines.

Augmenter de 20 à 30% la taille des zones de contrôles

Mais les aéroports s'inquiètent. Le délai est trop court, selon eux, pour s'équiper d'appareils permettant de détecter des liquides explosifs. Aéroports de Paris (ADP) veut retarder de 2 ans cette fin d'interdiction et estime que la technologie n’est pas encore fiable et trop encombrante. Les nouveaux détecteurs obligeraient à augmenter de 20 à 30% la taille des zones de contrôles.

Un investissement trop lourd

De même, les contraintes pour les voyageurs sont jugées trop importantes. Selon l’association des aéroports européens, le manque de fiabilité des détecteurs rallongerait de plus d’une heure l’attente à l’embarquement pour les passagers. Autre problème : le coût de ces équipements. Celui-ci représenterait plusieurs dizaines de millions d’euros d'investissement. Une somme qui se répercuterait donc inévitablement sur le montant des redevances que versent les compagnies aériennes aux aéroports et au final sur le prix des billets d’avion.

« Le gestionnaire touche une taxe sur chaque vente »

Christophe Naudin est criminologue, expert en sécurité aérienne. Il ne croit pas aux arguments des exploitants d’aéroports : « Ça permet aux gestionnaires d’aéroports d’avoir un commerce plus florissant au niveau des zones d’attente. A partir du moment où vous retirez toutes les bouteilles d’eau, les jus de fruits, les alcools à des passagers, ils sont obligés de les racheter 5 minutes après, quand ils sont dans les commerces dans la zone « Tax Free » . Ça génère du commerce et donc des rentrées d’argent. Il faut savoir que le gestionnaire touche une taxe sur chaque vente de tous les magasins ».

« J’aurais des passagers avec le sourire »

Philippe Peseux est commandant de bord. Il serait plutôt favorable à ce retour des liquides dans les avions : « Si on me dit que les liquides qui sont dans la cabine de mon avion ont été contrôlés grâce à une technologie fiable, c’est très bien : j’aurais un passager qui arrivera avec un sourire. On a la chance d’avoir des industriels qui vont permettre aux gens d’être de moins en moins spoliés. Le jeu en vaut la chandelle. On voudrait dissuader le client du transport aérien de passer par les aéroports français qu’on ne s’y prendrait pas autrement ».

La Rédaction avec Martin Bodrero