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Le Maroc veut deux nouvelles lignes de TGV

Le pays souhaite prolonger la ligne existante qui va de Tanger à Casablanca vers Marrakech et Agadir. Un méga-projet qui pourrait une nouvelle fois profiter au français Alstom à moins que le royaume se tourne vers la Chine...

Fort du succès de son TGV entre Tanger et Casablanca, inauguré fin 2018, le Maroc souhaite étendre son réseau à grande vitesse ferroviaire. Objectif: relier Casablanca à Marrakech puis Marrakech à Agadir. Soit 1300 kilomètres de nouvelles lignes.

Le ministre du Transport du Maroc, Mohamed Abdeljalil, a indiqué que la réalisation de la LGV reliant Marrakech et Agadir est l’une des priorités du plan de l’Office national des chemins de fer (ONCF).

Un tel projet exigera un investissement de 10 milliards d'euros. Comme pour la première ligne, le Maroc entend mettre en place un partenariat public/privé avec encore une fois l'aide de la France?

Un nouveau projet à 10 milliards d'euros

En effet, pour cette première LGV à 2 milliards d'euros, l'État français s'est engagé sur un financement à 51% au moyen de différents prêts de 625 millions d'euros dont un accordé par l'agence française de développement de 220 millions d'euros.

De nombreuses entreprises françaises ont ainsi participé au projet: Alstom pour la fourniture des rames TGV, le consortium Ansaldo-Ineo (signalisation et télécoms), Cegelec (sous-stations électriques) et le consortium Colas Rail-Egis Rail (voies et caténaires).

Mais le choix de la France apparaît moins évident pour ce nouveau méga-projet. Selon une source citée par FranceInfo, le Maroc pourrait se tourner vers la Chine qui, à plusieurs reprises, s’est dite prête à contribuer au projet.

TGV marocain
TGV marocain © ONCF

Le royaume pourrait ainsi opter pour le matériel roulant du groupe public chinois Zhong Neng Xuan Zong Industrial qui a déjà manifesté son intérêt pour participer à la construction de la LGV Marrakech-Agadir. Le ministre des Transports a fait savoir devant les députés que toutes les possibilités seront étudiées.

De quoi laisser présager une féroce bataille lors des prochains appels d'offres avec des prix tirés à la baisse. Pour Alstom, l'enjeu est important.

La Chine en embuscade

Alors que le TGV a fêté l'an passé ses 40 ans, les ventes en tant que telles à l'étranger sont rares et font figure d'exceptions. Outre un contrat en Corée du Sud (sous le nom KTX) et donc au Maroc, Alstom a signé un contrat important de 2 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2016 avec la compagnie Amtrak (pour la création d'une ligne à grande vitesse entre Washington et Boston en passant par Philadelphie et New York).

Il faut dire que le "gâteau" de la grande vitesse est lorgné par un nombre important d'acteurs sur la planète qui se livrent une concurrence féroce. On peut évoquer l'allemand Siemens, l'espagnol CAF, le coréen Hyundai, sans oublier le géant chinois CRRC. Tous ces industriels se battent dans les appels d'offre et sont prêts à d'importantes concessions pour emporter les lots. En Chine par exemple, Siemens a remporté un gros contrat en acceptant d'importants transferts de technologies qu'Alstom a refusés.

L'industriel français pourra néanmoins compter sur les très étroits liens qui unissent la France au Maroc, surtout si de massifs prêts sont à nouveau consentis pour mener à bien ces nouveaux projets.

Alstom pourrait également profiter ce nouvel appel d'offre pour proposer son nouveau TGVM qui présente un coût d'acquisition 20% inférieur et -30% pour les coûts de maintenance.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business