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Le départ de Pélata ouvre une période incertaine pour Renault

Le départ du numéro deux de Renault, Patrick Pélata, conséquence de la fausse affaire d'espionnage, ouvre une période de transition pour le constructeur automobile. Le PDG Carlos Ghosn, ainsi préservé, va maintenant devoir se trouver un nouveau bras droit

Le départ du numéro deux de Renault, Patrick Pélata, conséquence de la fausse affaire d'espionnage, ouvre une période de transition pour le constructeur automobile. Le PDG Carlos Ghosn, ainsi préservé, va maintenant devoir se trouver un nouveau bras droit - -

Le départ de Patrick Pélata, numéro deux de Renault, ouvre une période de transition dont le constructeur automobile se serait bien passé alors qu'il doit franchir une étape stratégique.

A l'issue d'un conseil d'administration extraordinaire, Renault a annoncé lundi soir la mise à l'écart de son directeur général délégué pour tirer les conséquences de la fausse affaire d'espionnage. Patrick Pélata est appelé à occuper d'autres fonctions au sein de l'alliance avec Nissan.

Cette décision devrait permettre de préserver le PDG Carlos Ghosn, mais celui-ci va maintenant devoir se trouver un nouveau bras droit pour l'aider dans la mise en oeuvre du plan stratégique dévoilé en février et grâce auquel le groupe entend quasi doubler sa marge opérationnelle et accroître de 15% ses ventes mondiales d'ici trois ans.

Patrick Pélata continuera toutefois à gérer les affaires opérationnelles courantes jusqu'à son départ, pour lequel aucune date n'a été donnée.

"La complémentarité du tandem Ghosn/Pélata avait fait ses preuves lors du rétablissement de Nissan", commente CM-CIC Securities dans une note de recherche. "La vision stratégique et politique était l'oeuvre de Carlos Ghosn, la mise en pratique opérationnelle et l'exécution était le travail de Patrick Pélata. Ce binôme fonctionnait bien jusqu'à présent."

"Il devrait être alors difficile de trouver rapidement un nouveau remplaçant, ce qui pose le véritable problème", poursuit CM-CIC. "Sans Patrick Pélata aux commandes, le plan stratégique pourrait être alors perturbé, voire reporté de six mois/un an."

A 12h30, l'action Renault reculait de 2,92% à 37,845 euros, sous-performant l'indice S&P des valeurs automobiles européennes, qui perdait 1,28%.

L'ÉTAT ACTIONNAIRE PREND ACTE, LES SYNDICATS VIGILANTS

L'État français, principal actionnaire du constructeur, au coude à coude avec Nissan, s'est dit satisfait des mesures annoncées lundi par Renault.

En acceptant de se séparer de son bras droit chez Renault, ce qu'il avait refusé de faire lors d'un précédent conseil d'administration le 14 mars, Carlos Ghosn a dit espérer tourner "une page douloureuse".

"L'État n'a jamais demandé la tête de Carlos Ghosn", a déclaré mardi François Baroin, porte-parole du gouvernement, sur RTL. "En revanche, nous souhaitions qu'il y ait des sanctions, il y a eu des enquêtes, détermination d'une chaîne de responsabilités, des mesures ont été prises, on en prend acte."

Des analystes relèvent que l'affaire a apparemment exacerbé l'influence de l'État sur Renault. Les syndicats du groupe estiment pour leur part que les dysfonctionnements à la tête de Renault légitiment leur revendication d'un droit de regard accru.

"L'exclusion d'un certain nombre de dirigeants, à l'exception de Carlos Ghosn écarté de toute responsabilité par les deux rapports d'audit, ne changera rien s'il n'y a pas une refonte structurelle de la fonction et du rôle du management de l'entreprise à tous les niveaux", a déclaré la CGT Renault dans un communiqué.

"Pour la suite, même si une partie du voile se lève, la procédure juridique est loin d'être achevée", a précisé de son côté la CFE-CGC. "(Nous veillerons) à ce que le processus d'information ainsi engagé puisse aller jusqu'au bout de cette affaire. Il en va de l'avenir de la marque et de la pérennité des emplois des 120.000 salariés du groupe, qui sont meurtris de cette couverture médiatique persistante (...)."

Par Gilles Guillaume et Helen Massy-Beresford - Edité par Dominique Rodriguez