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La SNCF tente de solder son passé sur l'holocauste

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy. La compagnie française a esquissé aux Etats-Unis un changement de discours sur son passé durant l'occupation nazie, en exprimant des regrets concernant la déportation des Juifs et en mettant en ligne un argumentair

Le président de la SNCF, Guillaume Pepy. La compagnie française a esquissé aux Etats-Unis un changement de discours sur son passé durant l'occupation nazie, en exprimant des regrets concernant la déportation des Juifs et en mettant en ligne un argumentair - -

PARIS (Reuters) - La SNCF a esquissé aux Etats-Unis un changement de discours sur son passé durant l'occupation nazie, en exprimant des regrets...

PARIS (Reuters) - La SNCF a esquissé aux Etats-Unis un changement de discours sur son passé durant l'occupation nazie, en exprimant des regrets concernant la déportation des Juifs et en mettant en ligne un argumentaire.

Le journal Le Monde a fait état de propos du président de la société nationale Guillaume Pepy tenus début novembre, lorsqu'il a présenté l'offre de la SNCF pour le projet de ligne à grande vitesse Tampa-Orlando, à Fort Lauderdale, que certains parlementaires américains lient à la présentation d'excuses.

Il a alors dit le "souhait de la SNCF d'exprimer sa profonde peine et son regret pour les conséquences de ses actes", tout en soulignant que les transports de Juifs avaient été réalisés sous le régime de la réquisition par les autorités nazies.

La société a également créé un site internet en anglais sur le sujet de l'holocauste, à l'adresse http://www.sncfhighspeedrail.com/heritage/.

"Il n'y aura pas d'autre expression du président et de la société", a dit vendredi un porte-parole de la SNCF.

La société rappelle sur le site internet le rôle des cheminots dans la résistance et souligne que, sur 450.000 employés de la SNCF à l'époque, seuls 467 ont été frappés d'indignité nationale pour collaboration.

"Il est fallacieux de dire que les travailleurs français du rail avaient le choix de désobéir aux autorités allemandes qui les supervisaient. Quiconque refusait d'obéir aux ordres risquait la peine de mort", peut-on y lire.

DÉJÀ UNE DÉCISION FRANÇAISE

La compagnie française espère décrocher des contrats aux Etats-Unis en misant sur les projets de réseaux à grande vitesse reliant certaines villes, imaginé dans le cadre du plan de relance du président Barack Obama.

Après plusieurs années de procédure, le Conseil d'Etat français a débouté en 2007 le député européen des Verts Alain Lipietz et sa famille, qui estimaient que la société nationale avait un rôle spécifique dans la déportation de parents.

Le Conseil d'Etat a conclu que la SNCF avait agi pour les trains de déportés sous les ordres de l'Etat de Vichy et des autorités allemandes d'occupation.

Environ 75.000 Juifs de France ont été déportés pendant l'occupation nazie et seuls 2.500 sont revenus vivants des camps de concentration.

Les convois de déportés partaient sous le régime de la réquisition ou de la mise à disposition. Leur composition, le type de wagons utilisés, le nombre de victimes transportées et leur traitement étaient fixées par l'occupant nazi et Vichy, qui assuraient conjointement le commandement et la surveillance armée, rappelle le Conseil d'Etat.

La co-responsabilité de l'Etat français dans l'holocauste a déjà été reconnue par d'autres décisions de la justice pénale et administrative.

Dans l'affaire, la SNCF a reçu le renfort de personnalités de poids, historiens et représentants d'associations de déportés. Son avocat aux Etats-Unis était un temps Arno Klarsfeld, fils du "chasseur de nazis" Serge Klarsfeld.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse