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Transports

L’Europe va-t-elle imposer un prix minimum sur les billets d’avion ?

Clément Beaune, le ministre des Transports, va proposer à ses collègues européens d'instituer un prix minimum sur les billets afin de "lutter contre le dumping social et environnemental". Une idée défendue dans le passé récent par l'Autriche, l'Allemagne et les Pays-Bas.

A défaut d’appliquer une taxe sur le kérosène, les pays européens vont-ils imposer aux compagnies aériennes un prix minimum à leurs billets? Le ministre français des Transports espère convaincre ses collègues de l’intérêt de "cette mesure simple" qui, explique-t-il dans un entretien à L’Obs, "doit permettre de lutter contre le dumping social et environnemental en protégeant les compagnies les plus sérieuses comme Air France."

Pour Clément Beaune, "des billets d’avion à 10 euros, à l’heure de la transition écologique, ce n’est plus possible!" A vrai dire, des billets à 10 euros, on n’en voit plus vraiment. En tout cas en France. En ce moment, sur les encarts publicitaires mis en ligne par les compagnies low cost les plus agressives, on est plutôt autour de de la vingtaine d’euros. Un tel tarif peut-il suffire à couvrir les taxes et les redevances? Tout va dépendre en réalité de la façon dont le consommateur ainsi appâté sera tenté par les suggestions d’achats complémentaires qui lui seront faites.

Une fausse idée du coût normal d'un billet d'avion

Parce que pour 19,99 euros, il n’aura même pas le droit de voyager avec une petite valise placée dans le rack à bagages au-dessus de son siège. L’ensemble des suppléments proposés lors de l’achat du billet, de l’enregistrement mais aussi à bord, sont devenus la clé de la rentabilité des compagnies low cost.

Ryanair parvient aujourd'hui à engranger en moyenne 22,50 euros par passager rien qu'avec ces "frais ancillaires". Le problème, c’est que cela donne une fausse idée du coût normal d’un billet d’avion. Et que cela pousse tous les compétiteurs à en faire autant, accentuant le sentiment que l’avion coûte nettement moins cher que le train.

Allemands et Autrichiens prônent un minimum de 40 euros

Si Clément Beaune fait cette proposition aujourd’hui c’est aussi qu’il sait que d’autres pays d’Europe (Autriche, Pays-Bas, Allemagne) défendent cette idée depuis plusieurs années. Le ministre des Transports se garde néanmoins d’aborder le montant minimal que l’Union Européenne pourrait imposer. Avant la guerre en Ukraine, l’Autriche et l’Allemagne étaient sur la même ligne: 40 euros.

Cette idée a-t-elle des chances d’aboutir? Ce qui est certain c’est qu’elle va se heurter à la fronde des compagnies à bas coût. Et notamment de la plus puissante d’entre elles Ryanair, première compagnie aérienne d’Europe. Voilà ce que disait son porte-parole quand l’idée a commencé à être sérieusement évoquée en Europe.

"Ryanair rejette cette proposition politique qui augmenterait les tarifs pour des millions de consommateurs sur les vols européens de courts courriers. C'est une mesure anti-consommateur qui n'est soutenue que par les compagnies aériennes nationales subventionnées par l'Etat, comme Air France-KLM", expliquait alors dans Les Echos, Matthew Krasa. Avant de conclure:

"Ryanair est persuadée que la Commission européenne ne permettrait pas que les vols deviennent un privilège réservé aux plus riches."
Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco