BFM Business
Transports

L'enquête sur Renault va concerner une "puissance étrangère"

Le siège de Renault, à Boulogne-Billancourt. Le parquet de Paris a confié à la Direction centrale du renseignement intérieur une enquête sur l'espionnage industriel dont la marque au losange se dit victime au profit d'une "puissance étrangère". /Photo pri

Le siège de Renault, à Boulogne-Billancourt. Le parquet de Paris a confié à la Direction centrale du renseignement intérieur une enquête sur l'espionnage industriel dont la marque au losange se dit victime au profit d'une "puissance étrangère". /Photo pri - -

par Thierry Lévêque et Gilles Guillaume PARIS (Reuters) - Une enquête préliminaire de police a été ouverte vendredi sur l'espionnage industriel dont...

par Thierry Lévêque et Gilles Guillaume

PARIS (Reuters) - Une enquête préliminaire de police a été ouverte vendredi sur l'espionnage industriel dont Renault se dit victime de la part d'une puissance étrangère, a annoncé le parquet de Paris.

La procédure, qui fait suite à la plainte déposée jeudi par le constructeur automobile, a été confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), spécialisée dans ces questions.

Le constructeur français a déposé plainte contre "X" pour "vol en bande organisée, abus de confiance aggravé et intelligence avec une puissance étrangère", a déclaré jeudi le procureur de Paris Jean-Claude Marin.

Cette puissance étrangère n'est pas nommée par Renault et seules des sociétés privées sont identifiées, a assuré à Reuters l'avocat du groupe Jean Reinhart.

Ces sociétés auraient donc pu servir d'intermédiaires dans ce que Renault voit comme une opération menée par une "filière internationale organisée".

Jean-Claude Marin a refusé jusqu'ici de confirmer la piste chinoise régulièrement évoquée dans la presse, tout comme l'avocat de Renault.

"C'est une affaire complexe qui nécessitera des investigations internationales", a dit le procureur. Le gouvernement français assure que la Chine n'est pas visée et Pékin a officiellement contesté toute implication.

UN DOSSIER D'ENQUÊTE PRIVÉE

Jean Reinhart a précisé qu'un dossier important, résultant d'une enquête privée, avait été remis au parquet. La DCRI, déjà saisie de l'affaire dans un cadre de renseignement pur, devra enquêter pour confirmer ou infirmer les conclusions que Renault en tire.

Selon Le Monde daté de samedi, cette enquête privée a été réalisée par un seul détective privé, rémunéré 50.000 euros, qui a ensuite remis le résultat de son travail à la sûreté interne de la société.

Les trois cadres mis en cause avaient tous des liens avec le projet de voiture électrique, dans lequel Renault et son partenaire Nissan ont investi quatre milliards d'euros. Michel Balthazard, Bertrand Rochette et Matthieu Tenenbaum, mis à pied dans l'attente d'un licenciement, contestent les faits et soulignent que tout est parti de lettres anonymes.

Selon plusieurs médias, le premier est accusé par l'enquête Renault d'avoir perçu 130.000 euros au Liechtenstein, en lien, d'après le constructeur, avec l'espionnage présumé.

Matthieu Tenenbaum est accusé d'avoir perçu 500.000 euros sur un compte suisse tandis que Bertrand Rochette se voit imputer la réception de plus petites sommes.

Ils sont passibles de la cour d'assises si les faits étaient retenus à l'issue de l'enquête. Des poursuites formelles ne sont possibles que sous forme de citation directe, une méthode dont l'usage est dans ce cas peu probable, ou par une mise en examen, ce qui suppose la saisine d'un juge d'instruction indépendant.

Si des informations sur l'architecture des futurs véhicules électriques, le coût et le modèle économique du programme ont pu filtrer à l'extérieur du groupe, le numéro deux de Renault Patrick Pélata a assuré le week-end dernier qu'aucune "pépite technologique n'avait pu fuiter.

Selon le Canard enchaîné de cette semaine, Renault aurait préféré régler l'affaire en interne. Interrogé à Bercy pour savoir s'il regrettait que les pouvoirs publics aient été prévenus si tard, le ministre de l'Industrie Eric Besson à répondu: "Oui bien sûr. Je l'ai dit au directeur. On s'en est expliqué (...) On ne va pas épiloguer davantage. On a eu une explication franche et directe avec le directeur général de Renault. L'épisode est clos."

Avec Marie Maître, édité par Patrick Vignal et Danielle Rouquié