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L'"autoroute de la mer" franco-espagnole trouve sa voie

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SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique (Reuters) - La première "autoroute de la mer" franco-espagnole rencontre un succès inattendu auprès des chauffeurs...

SAINT-NAZAIRE, Loire-Atlantique (Reuters) - La première "autoroute de la mer" franco-espagnole rencontre un succès inattendu auprès des chauffeurs routiers et des touristes, qui font ainsi l'économie d'une longue et coûteuse traversée des cols pyrénéens.

Le "Norman Bridge", qui effectue trois allers-retours par semaine entre Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et Gijón (Asturies), est rempli à 30% pour les remorques de camion, soit deux fois plus que pour la première "autoroute de la mer" Toulon (Var)-Civitavecchia (Italie), selon son armateur.

Faute de rentabilité, cette liaison France-Italie a été abandonnée au bout de quatre ans en mars 2009.

"On ne s'attendait pas à avoir autant de monde", déclare Christophe Santoni, directeur général de LD Lines, la filiale du groupe Louis-Dreyfus Armateurs qui exploite la ligne lancée il y a trois mois.

"Manifestement, les mentalités ont changé. Les entreprises de transports sont plus sensibles au respect de l'environnement", ajoute-t-il.

Plus rapide - 14 heures contre 20 par la route - la traversée du golfe de Gascogne est aussi moins chère pour ces entreprises, qui économisent le coût du carburant et des péages.

L'aller simple sur le "Norman Bridge" est facturé 450 euros aux professionnels.

L'"autoroute de la mer" permet aussi aux chauffeurs de camions d'avancer en respectant la réglementation européenne, qui leur impose sur la route onze heures de repos toutes les 24 heures.

PLUS DE TOURISTES QUE DE PROFESSIONNELS

"Pour le moment, nous avons deux fois plus de touristes que de chauffeurs routiers car le démarchage commercial des entreprises prend du temps", précise João Fonseca, assistant du commissaire de bord.

Gwenaël Thudot, un Français de 44 ans, a déboursé 300 euros pour partir en vacances cinq jours en Espagne avec son épouse et sa fille.

"C'est une super bonne idée", dit ce gérant de parc d'attractions qui prend le "Norman Bridge" pour la première fois. "Nous avons pris le bateau pour éviter la fatigue car ça nous coûte aussi cher que si nous y étions allés en voiture."

La société espère transporter 13.000 camions la première année et 100.000 par an d'ici à 2015 et vise la rentabilité d'ici quatre ans. Son succès réduirait de 5% le trafic automobile dans l'ouest des Pyrénées, d'après son armateur.

La France et l'Espagne ont accordé chacune 15 millions d'euros à l'"autoroute de la mer" Saint-Nazaire-Gijón, qui a aussi obtenu quatre millions d'euros d'aides européennes.

En 2005, la liaison Toulon-Civitavecchia n'avait obtenu que 4 millions d'euros au total, rappelle LD Lines.

"Cet échec nous a permis de nous faire une religion sur les autoroutes de la mer", considère Christophe Santoni. "S'il n'y a pas d'aides publiques au démarrage, le transport maritime ne peut lutter contre la route. Il doit être aidé de façon conséquente, jusqu'à sa rentabilité."

Guillaume Frouin, édité par Jean-Baptiste Vey