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L'affaire d'espionnage chez Renault alarme les autorités

Les soupçons d'espionnage industriel ayant conduit à la mise à pied de trois cadres de Renault sont qualifiés de "graves" par la direction et le ministre de l'Industrie. "C'est toute la question de la protection de notre secret industriel, de notre innova

Les soupçons d'espionnage industriel ayant conduit à la mise à pied de trois cadres de Renault sont qualifiés de "graves" par la direction et le ministre de l'Industrie. "C'est toute la question de la protection de notre secret industriel, de notre innova - -

PARIS (Reuters) - Les soupçons d'espionnage industriel ayant conduit à la mise à pied de trois cadres de Renault sont qualifiés de "graves" par la...

PARIS (Reuters) - Les soupçons d'espionnage industriel ayant conduit à la mise à pied de trois cadres de Renault sont qualifiés de "graves" par la direction et le ministre de l'Industrie, qui entend renforcer la sécurité.

Trois hauts cadres du constructeur automobile, dont un membre du comité de direction, ont été mis à pied lundi à titre conservatoire. Ils sont menacés de licenciement, mais le constructeur ne fait état pour l'instant d'aucune plainte pénale et reste muet sur la nature exacte des faits.

Les trois personnes auraient des liens avec le programme véhicules électrique, une technologie sur laquelle Renault mise beaucoup et dans laquelle il a décidé d'investir quatre milliards d'euros avec son partenaire Nissan.

"Ça parait probable tel que je le comprends, puisque c'était au technocentre de Guyancourt", a déclaré le ministre de l'Industrie Eric Besson à des journalistes en marge du colloque Nouveau Monde, nouveau capitalisme au ministère de l'Economie.

Ce dernier a ajouté que la direction générale de Renault, avec laquelle il s'était entretenue, s'était montrée préoccupée. "Les faits qu'ils ont cités, s'ils sont avérés, sont des faits sérieux, sont des faits graves", a-t-il dit.

"C'est toute la question de la protection de notre secret industriel, de notre innovation qu'il faut renforcer", a-t-il ajouté en précisant que les conventions passées entre l'Etat et les entreprises qui demandent des aides à l'innovation devront comprendre des engagements de protection des secrets.

"ACTIFS STRATÉGIQUES"

"Il est probable que nous aurons d'autres mesures à prendre, je vais y travailler dans les jours qui viennent", a-t-il dit. "J'ai l'intention de faire de ce dossier un dossier majeur."

Christian Husson, directeur juridique de Renault, a expliqué de son côté que la mise à pied visait à protéger les actifs stratégiques de l'entreprise.

"Cette enquête, qui a duré plusieurs mois, nous a permis d'identifier un faisceau d'éléments convergents attestant que les agissements de ces trois collaborateurs (...) mettaient en risque consciemment et délibérément des actifs de l'entreprise", a-t-il dit dans une déclaration transmise par e-mail.

"Pour Renault, il s'agit de faits très graves concernant des personnes en position particulièrement stratégique dans l'entreprise. Ils justifient une décision conservatoire de cette nature dont l'objet premier est de protéger, sans attendre, les actifs stratégiques, intellectuels et technologiques de notre entreprise", ajoute-t-il.

Une source proche de Renault a estimé de son côté que les personnes mises en cause pourraient être licenciées d'ici la semaine prochaine.

"L'enquête interne continue, mais la décision devrait être prise dans les jours à venir", a-t-elle déclaré. "Dans neuf cas sur dix, une mise à pied à titre conservatoire est suivie d'un licenciement."

"Une mise à pied conservatoire ne dure jamais très longtemps", a indiqué une autre source proche du groupe. "Je pense que malheureusement dans les jours à venir, la semaine prochaine, il risque d'y avoir effectivement des sanctions qui tombent, si tant est qu'il y a des sanctions."

Dans sa déclaration, le directeur juridique de Renault a simplement indiqué que la procédure avançait, sans autre commentaire.

Marc Angrand et Gilles Guillaume, avec Leigh Thomas, édité par Yves Clarisse