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Grand Paris: qui est le géant italien ATM qui veut concurrencer la RATP sur les métros et les bus?

L'entreprise publique italienne qui gère notamment les transports à Milan participe aux appels d'offres pour la ligne 18 du métro du Grand Paris Express et les bus franciliens. Elle met en avant son expertise technologique mais aussi sociale pour faire la différence face à la RATP ou encore Keolis.

Si on parle beaucoup de l'ouverture à la concurrence dans le train, un autre gros morceau du transport public français s'ouvre progressivement: celui du métro du Grand Paris Express et des bus parisiens et franciliens.

Un marché stratégique aujourd'hui ultra-dominé par la RATP mais la concurrence bourbit ses armes dans le cadre de nombreux appels d'offres, en cours et à venir, organisés par Île-de-France Mobilité (IDFM).

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C'est le cas de l'Italien ATM. Ce nom ne vous dit certainement rien mais cette entreprise publique est un géant des transports urbains. Elle gère et exploite les bus et les métros de Milan, et est présente à Copenhague, au Danemark, et à Thessalonique, en Grèce.

L'opérateur italien lorgne désormais la France avec envie. En partenariat avec le français Egis (ingénierie et gestion d'infrastructures de transports), ATM a annoncé ce jeudi sa participation à plusieurs appels d'offres. Et pas des moindres puisqu'il s'agit du lot pour gérer et exploiter la ligne automatique 18 du métro du Grand Paris Express. Cette ligne est longue de 35 kilomètres et comprend dix nouvelles gares entre Versailles et l'aéroport d'Orly. Sa mise en service devrait débuter en 2026.

Le groupe se positionne aussi sur les lots pour exploiter des bus en petite couronne. Sans exclure de participer aussi au très symbolique et juteux appel d'offres pour les bus parisiens intramuros.

Quasi-monopole de la RATP

Face à l'acteur historique et quasi-monopolistique qu'est la RATP, ou à d'autres candidats comme Keolis (filiale de la SNCF), ATM estime avoir sa carte à jouer.

"Nous exploitons tous les modes de transports et nous maîtrisons toutes les technologies de la mobilité", souligne Arrigo Giana, directeur général d'ATM.

En effet, ATM a une belle expertise dans le métro automatique, notamment à Milan (deux lignes), à Copenhague (quatre lignes) mais aussi dans les bus. Dans la ville lombarde, il exploite pas moins de 160 lignes qui sont en pleine électrification. "Nous avons toutes les compétences nécessaires, technologiques, opérationnelles et sociales", souligne Arrigo Giana.

"Nous sommes prêts à relever le défi et transformer le transport urbain francilien. C'est le projet le plus important au monde en termes d'appels d'offres et c'est le projet de ma vie. Nous avons le savoir-faire et l'excellence opérationnelle", ajoute Guiseppe Proto, le directeur d'ATM France.

"Des appels d'offres de très haut niveau"

Reste que l'expertise technique et la qualité de service offerte ne sont pas les seuls éléments cruciaux des cahiers des charges complexes imposés par IDFM. Les critères sociaux sont importants (ils sont d'ailleurs été revus à la hausse pour les bus), le nouvel opérateur récupérant une partie des salariés de l'ancien, en l'occurrence ceux de la RATP.

ATM s'est d'ailleurs déjà cassé les dents sur la complexité de ces appels d'offres en ayant été écarté de ceux pour l'exploitation des lignes 16 et 17 du Grand Paris remportés par Keolis. "On a modifié notre approche, on apprend par l'expérience, nos premières candidatures ne contenaient pas ce que IDFM attendait de nous, nous pensons aujourd'hui que notre offre pour la ligne 18 correspond aux attentes", assure Arrigo Giana.

"Les appels d'offres sont de très haut niveau, très différents de ce qu'on peut voir en Europe. Il y a une expertise très forte de nos interlocuteurs français, ce qu'on ne voit pas ailleurs", explique-t-il.
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La carte sociale pour faire la différence

Pour convaincre, l'entreprise joue crânement la carte sociale. "Le secteur fait face à une pénurie de conducteurs, on expérimente et on propose de nouvelles méthodes pour être attrayant".

"On propose des incitations financières pour nous rejoindre, une fondation pour les familles, les retraités. On essaye de préserver la vie personnelle des salariés, les conditions de travail éloignant les jeunes de ce métier", poursuit-il.

Au Danemark, ATM propose ainsi des emplois du temps flexibles et un système qui permet de choisir les tranches horaires travaillées et avec qui. Du jamais vu dans ce secteur. "C'est très compliqué à mettre en place mais ça fonctionne", explique le dirigeant.

"On sait faire", ajoute-t-il car "en Italie, sur les questions sociales on est assez proches de la France, on est familiers de ce type de demandes". Reste également à convaincre les puissants syndicats, notamment à la RATP, qui observent l'ouverture à la concurrence avec une grande méfiance.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business