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Transports

Faut-il un permis de conduire « seniors » ?

Une plainte déposée en 2006, dont les suites seront connues ce jeudi, relance le débat public sur la capacité des conducteurs très âgés à prendre le volant sans contrôles médicaux préalables.

Une plainte déposée en 2006, dont les suites seront connues ce jeudi, relance le débat public sur la capacité des conducteurs très âgés à prendre le volant sans contrôles médicaux préalables. - -

L’imposition de contrôles médicaux aux conducteurs âgés, ou de permis de conduire spécifiques aux seniors, pourrait être débattue de nouveau suite à une plainte déposée contre l'Etat par les parents d'un garçonnet renversé par un octogénaire.

L’imposition de contrôles médicaux aux conducteurs très âgés, voire de permis de conduire spécialement destinés aux seniors, revient régulièrement dans le débat public.
C’est le cas aujourd’hui, suite à la plainte déposée par les parents de Lucas, 3 ans, renversé en 2006 par un conducteur octogénaire, probablement atteint de la maladie d’Alzheimer. Ce jeudi, le tribunal doit se prononcer sur les suites à donner à cette plainte portée contre l’Etat, pour « faute lourde ». Les parents du petit garçon accusent les pouvoirs publics d’avoir autorisé le chauffard à reprendre la route 6 mois seulement après l'accident.

En France, les titulaires du permis de conduire peuvent prendre le volant sans limite d’âge. Ce n’est pas le cas des Pays-Bas, du Danemark, de l’Espagne ou encore de la Grande-Bretagne. Dans ces pays, le permis de conduire est valable 10 ans, tandis que son renouvellement, passé l’âge de 70 ans, est conditionné à la présentation d’un certificat médical. Le ministère des Transports français avait tenté d’adopter un tel système en 2002, mais l’organisation de visites médicales pour les 600 000 conducteurs âgés de plus de 75 ans à l’époque, s’était avérée trop complexe.

Les spécialistes de l’Hexagone s’accordent désormais à dire que la vieillesse n’est pas un facteur dangereux sur la route, à condition de respecter certaines précautions. Ils préconisent aux conducteurs de plus de 60 ans de tester régulièrement leur vue chez un ophtalmologiste, de pratiquer les stages de remise à niveau organisés par la Sécurité routière, et enfin, d’être vigilants sur la prise de médicaments avant la conduite.

La mise en place du nouveau permis de conduire européen d’ici à 2033 pourrait changer la donne. Celui-ci prévoit d’étendre la surveillance médicale à l’ensemble des conducteurs.

Les seniors et la route en chiffres

- 20% des 40 millions de titulaires du permis de conduire ont plus de 65 ans. D’ici 2050, ils seront 32%.

- 18,6% des tués sur les routes l’an dernier avaient plus de 65 ans (contre 21,1% des 18-24 ans).

- 90% des informations nécessaires à la conduite dépendent de la fonction visuelle. Or, un conducteur de 60 ans a besoin de 4 fois plus de lumière qu’un conducteur de 20 ans pour voir de façon similaire.

- 30% des conducteurs de plus de 65 ans souffrent d’un déficit auditif. Or, seuls 20% des personnes ayant besoin d’un appareil auditif en portent un.

bourdinandco