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Transports

Disparition du vol Rio-Paris : les dessous de l'enquête

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Les débris récupérés dans l'Atlantique ne proviendraient pas de l'Airbus A 330 disparu. Pilotes et experts demandent la plus grande prudence dans cette « course aux infos ». Que sait-on réellement ? Et qui cacherait quoi ?

Dernière info à propos du crash du vol AF447 Rio-Paris, disparu dans l'Atlantique lundi 1er juin : les débris récupérés jeudi 4 juin par la Marine brésilienne n'appartiendraient pas à l'Airbus A 330 d'Air France, comme l'armée de l'air l'avait annoncé auparavant. Et la nappe vue sur l'océan n'est pas du kérosène mais de l'huile.
« Jusqu'à présent, aucune pièce de l'avion [d'Air France] n'a été récupérée », a déclaré le directeur du département de contrôle de l'espace aérien brésilien Ramon Cardoso. Dans la matinée, le général Cardoso avait pourtant annoncé que la Marine avait récupéré un fragment de la soute à bagages de l'Airbus A330 qui s'est abîmé avec 228 personnes à bord en plein océan Atlantique.

« Air France et le BEA savent ce qui s'est passé dans cet avion »

Jean Serrat est un ancien pilote de ligne. Que pense-t-il de toutes ces informations plus ou moins contradictoires ? « Il y a des gens qui volontairement sont en train de balancer des informations parcellaires pour emmener tranquillement tous nos amis pilotes vers une conclusion qui risque de satisfaire des constructeurs et des compagnies aériennes. Je vous assure qu'Air France et le Bureau d' Enquêtes Analyses (BEA) savent très exactement techniquement ce qui s'est passé dans cet avion dans le dernier quart d'heure. Vous vous rendez compte des intérêts financiers qui sont en jeu ? C'est pas n'importe quoi ! »

Gérard Feldzer, directeur du Musée de l'air et de l'espace au Bourget, revient sur l'attitude du Brésil : « Mettez-vous à la place des Brésiliens : Ils ont peur qu'on leur cache des choses. Donc on diffuse des informations dans le désordre, pour avoir des réactions qui pourraient permettre d'importer des informations. »

De mauvaises mesures de vitesse ?

Pour l'heure, seuls deux éléments semblent établis : l'avion a du faire face à des conditions météorologiques difficiles et a subi des pannes techniques, les messages automatiques qu'il a envoyés montrant des incohérences dans ses mesures de vitesse. Airbus a donc émis aujourd'hui vendredi 5 juin une recommandation à ses clients (appelée AIT), rappelant que les équipages doivent suivre les procédures d'usage s'ils soupçonnent une défaillance des indicateurs de vol. Ce message a été rédigé pour tous les types d'avions Airbus et pas seulement pour les long-courriers A330.
Ces AIT sont assez classiques en cas d'accident, ce sont des rappels aux pilotes sur les procédures à suivre dans telle ou telle circonstance, décrites dans le manuel de référence des avions.
Ce qui ce veut pas dire que les pilotes de l'AF447 aient commis des erreurs, mais plutôt que les instruments de mesure de vitesse fonctionnaient mal. A ce stade, les enquêteurs ne savent pas si l'avion volait à une vitesse incorrecte ou non lors de la traversée d'une zone de turbulences.

La rédaction, avec Christophe Bordet