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Transports

Des "milliers" de tentatives: la Russie accusée de chercher à saboter les infrastructures ferroviaires européennes

Au Financial Times, le ministre tchèque des transports évoque des "milliers" de tentatives pour "affaiblir" ces infrastructures.

Dans l'arsenal des opérations de déstabilisations de la Russie contre l'Europe, les infrastructures ferroviaires sont-elles la prochaine cible? Pour le ministre tchèque des transports, cela ne fait aucun doute et ces opérations ne sont pas nouvelles.

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Dans un entretien au Financial Times, Martin Kupka avance que Moscou a lancé, à travers des groupes de pirates informatiques, des "milliers" de tentatives pour "affaiblir nos systèmes" en interférant avec les réseaux ferroviaires européens dans le cadre d’une campagne visant à déstabiliser l’Union européenne et à saboter les infrastructures critiques.

Ces campagnes de déstabilisation prendraient la forme d'attaques informatiques contre les systèmes de signalisation (qui gèrent la sécurité des trains) et contre les réseaux informatiques dont ceux de l'opérateur ferroviaire national tchèque České dráhy, affirme le ministre.

Attaques tuées dans l'œuf

Martin Kupka prend l'exemple du piratage des systèmes de billetterie qui ont été mis hors service et d'interférences avec les systèmes de signalisation qui pourraient déboucher sur de graves accidents.

Cependant, le ministre souligne que ces attaques ont été tuées dans l'oeuf: "je suis vraiment très satisfait car nous sommes capables de défendre tous les systèmes avant une attaque réussie", souligne-t-il.

L'Agence européenne pour la cybersécurité confirme dans son premier rapport sur les menaces pesant sur les transports qu’il y avait eu "des attaques contre les compagnies ferroviaires à un rythme croissant, principalement en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie".

D'autres pays visés

Des compagnies ferroviaires en Lettonie, en Lituanie, en Roumanie et en Estonie ont été visées selon ce rapport. "L'une des tendances marquantes de l'année dernière a été l'intérêt croissant des attaquants malveillants dans les secteurs de l'énergie et des transports", indique le rapport publié en juillet.

Martin Kupka a par ailleurs déclaré que la République tchèque, qui prévoit la construction d'une nouvelle ligne ferroviaire à grande vitesse qui relierait Berlin, Prague et Vienne en quatre heures, fait en sorte de choisir des entreprises 100% européennes pour éviter tout risque d'ingérence.

"Il ne s’agit pas d’une interdiction mais nous préférerions les entreprises européennes. Pour les composants numériques mais aussi pour les systèmes de signalisation, nous avons clairement exigé une limite (dans les appels d'offres, NDLR) car cela fait partie de l'infrastructure critique", poursuit le ministre.

Cette ligne est le premier d'une série de projets ferroviaires à grande vitesse destinés à relier à terme l'Europe centrale à l'Ukraine, à la Moldavie et aux Balkans occidentaux.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business