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Crash d'Air Algérie: quel rôle joue le BEA?

Un expert du BEA (à gauche)  le 14 juin 2009, lors de son enquête sur le crash du Rio-Paris.

Un expert du BEA (à gauche) le 14 juin 2009, lors de son enquête sur le crash du Rio-Paris. - -

Plusieurs membres du Bureau d’enquêtes et analyses sont actuellement à pied d’œuvre, à Paris et au Mali, pour faire toute la lumière sur les circonstances du crash du vol AH5017 d’Air Algérie, dans lequel 54 Français ont péri. Focus sur cet organisme.

C’est un organisme public mondialement reconnu. Mais comment fonctionne-t-il, et quel est son pouvoir? Le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), avec sa cinquantaine d'experts, est le seul en France à mener les enquêtes techniques pour déterminer les causes d'un accident d'avion, comme celui du MD-83 d'Air Algérie, qui s’est écrasé dans le Nord malien.

Anciennement appelé Bureau enquêtes-accidents, le BEA est rattaché au ministère des Transports français. Chaque année, il dirige environ 250 enquêtes nouvelles concernant tous les accidents ou incidents qui ont lieu en France, aussi bien sur des avions de transport public que lors de vols privés ou de loisirs.

Une action internationale

Hors de France, le BEA peut intervenir dans deux cas: si le constructeur ou concepteur de l'avion est français ou partiellement; si l'appareil est immatriculé ou exploité en France. Il peut en outre apporter une assistance technique, et participer en observateur à une enquête si un accident a fait des victimes françaises. Chaque année, il intervient dans environ 150 enquêtes nouvelles dirigées par un Etat étranger.

Dans le cas du vol AH5017, non seulement 54 ressortissants français étaient à bord de l'appareil mais les autorités maliennes, compétentes dans la mesure où l'appareil s'est écrasé sur leur sol, ont demandé au BEA de décrypter les enregistreurs de vol de l'appareil, plus connus sous le nom de "boîtes noires".

Car le BEA fait partie de ces quelques organismes d'investigation d'accidents au monde disposant de la panoplie complète des moyens techniques nécessaires à ce genre d'enquête et d'équipes spécialisées capables de lire et d'analyser les "boîtes noires" qui enregistrent tous les paramètres du vol et les conversations dans le cockpit.

Quelles informations contiennent les boîtes noires?

Le BEA a reçu lundi les deux boîtes noires qui devraient lui permettre d'en savoir plus sur les circonstances de l'accident. "L'enregistreur relatif aux paramètres de vol a pu être déchargé immédiatement et le travail sur l'enregistreur de conversation et de bruit dans le cockpit est encore en cours car il a davantage souffert dans l'accident", explique Rémi Jouty.

Ces paramètres permettront aux enquêteurs de déterminer dans un premier temps l'altitude à laquelle volait l'avion au moment de l'incident, sa vitesse, le régime des moteurs et ensuite des informations plus complexes comme savoir si le pilotage automatique était déclenché.

Une centaine d'enquêteurs

Dirigé par Rémi Jouty depuis janvier, qui a succédé à Jean-Paul Troadec, le BEA regroupe 110 personnes, dont une cinquantaine d'enquêteurs, anciens pilotes civils et militaires ou ingénieurs spécialisés. Il fait appel, si besoin, à des experts extérieurs. 

Les enquêteurs du BEA recueillent informations et pièces, comme les "boîtes noires", puis les examinent et enfin reconstituent le scénario le plus précis possible pour déterminer les origines et les facteurs de l'accident.

Il est d'usage que le BEA délivre un premier rapport préliminaire dans les 30 jours suivant le début de son enquête. Le rapport définitif peut être rendu plusieurs mois, voire des années après l'accident. A titre d'exemple, le crash du Rio-Paris était survenu le 1er juin 2009 mais le rapport définitif n'avait été publié qu'en juillet 2012.

Orienter la justice, améliorer la sécurité

Son enquête purement technique n'a pas pour but de rechercher et de déterminer les responsabilités pénales, qui sont du ressort de une ou plusieurs enquêtes judiciaires menées en parallèle.

Pour autant, le rapport du BEA permet de fournir des éléments techniques permettant d'orienter la justice.

Le BEA émet enfin dans ses rapports d'enquêtes des recommandations destinées à l'ensemble de la communauté aéronautique et du transport aérien, sa mission ultime étant d'améliorer la sécurité.

Et ailleurs?

Parmi ses homologues également mondialement reconnus figurent l'AAIB (Air accidents investigation branch), le bureau d'enquête britannique – qui analyse actuellement les boîtes noires du vol MH17, abattu en Ukraine - et le NTSB américain (National Transportation Safety Board).

Jé. M. avec AFP