Covid-19: des centaines de routiers risquent de passer Noël coincés au Royaume-Uni

Malgré la réouverture des frontières ce mercredi entre la France et le Royaume-Uni, peu de routiers ont réussi à retraverser le Manche hier. Et ce jeudi, la situation demeure confuse.

Difficile de comprendre ce qui se passe réellement au port de Douvres, de l’autre côté de la Manche. Alors que les frontières entre la France et le Royaume-Uni ont rouvert ce mercredi, les traversées ne se font qu’au compte-gouttes, et des centaines de routiers restent toujours bloqués dans le port britannique.

"Hier nous n’avons connu que l’arrivée de 71 voitures et de 32 poids lourds et c’était ma grande surprise en fin de journée, le trafic n’a pas été rétabli suite aux dispositions prises par les Britanniques en ce qui concerne les tests", explique ce jeudi sur France Info Jean-Marc Puissesseau, PDG de la Société d'exploitation des ports du détroit.

"Et depuis minuit aujourd’hui, nous n’avons que 44 poids lourds, et aucun véhicule léger. Quand on compare cela au nombre de poids lourds… C’est mon énorme surprise, on me dit que les tests sont extrêmement longs."

Tester plus de chauffeurs, plus rapidement

Accélérer la procédure des tests, c’est tout l’enjeu de ce jeudi. Ce mercredi soir, selon nos informations, les tests se sont arrêtés à 20 heures. Ce matin, ils n’étaient réalisés qu’avec parcimonie, par tranche de cinq poids-lourds. Un bateau avec seulement cinquante camions à bord (contre une capacité de 120) est arrivé ce matin, expliquait Jean-Marc Puissesseau, qui en attend un autre avec 60 camions dans quelques heures. Soit une goutte d’eau par rapport aux milliers de camions bloqués.

Techniquement, avec sept bateaux pouvant opérer cinq rotations, la situation pourrait s’améliorer dans la journée. À condition de réaliser assez de tests antigéniques auprès des chauffeurs, qui pour traverser doivent attester d’un test négatif. Ces chauffeurs sont bloqués pour certains depuis quatre jours sur place sans douche, sans toilettes. Et l’énervement est palpable.

"Ils ont arrêté les tests vers 22 heures, on attend on espère que ça va reprendre, nous sommes un peu dans le néant, personne ne vient rien nous dire si nous pourrons passer le test, repartir. On ne sait rien et on attend dans nos camions", confie ce jeudi matin sur BFMTV Alain Bourgeois, un routier bloqué sur la piste de l’aéroport de Manston, à quelques dizaines de kilomètres de Douvres.

C’est une situation très monotone que décrit Alain Bourgeois.

Nous sommes sur cet ancien aéroport, et on avance, raconte-t-il. Hier, de 14 heures à 22 heures, j’ai pu avancer de 300 mètres. À 22 heures ils ont arrêté les tests sans nous prévenir. Nous avons attendu jusque 1 heure du matin en espérant pouvoir passer le test, et là il est 9 heures, toujours en attente".

Noël coincés en Grande-Bretagne?

Et le chauffeur n'est guère optimiste pour la suite de la journée.

De ce qu’on a entendu hier, le port était saturé, en espérant qu’ils ont pu cette nuit le dégager pour qu’on puisse embarquer tout en sachant qu’ils arrêtent d’embarquer les camions à partir de midi, et que nous n’avons pas encore passer le test donc je pense qu’on va passer Noël ici", résume Alain Bourgeois.

Si les compagnies de ferries devraient poursuivre les rotations toute la journée, beaucoup de chauffeurs craignent de passer Noël en Grande-Bretagne.

"Aucun test n’a été effectué sur le site aéroportuaire ou sur l’autoroute M20 qui mène à Douvres, il y a donc une incertitude totale quant à la réouverture complète du trafic transmanche. De toute façon, il n’y a qu’à se rendre à Calais pour voir que les rotations de bateaux ont bien repris, mais que les bateaux arrivent quasiment vides", résume ce jeudi matin sur BFMTV Sandy Penne, membre du bureau fédéral de la CGT Transports.

Et le syndicaliste ne croit lui pas à la possibilité de rapatrier tous les camions en une journée.

"Techniquement et mathématiquement c’est impossible, poursuit Sandy Penne. Vu le nombre de camions stockés, vu ce que où Eurotunnel, où le trafic ferry peut absorber, on est dans un impossibilité technique de faire traverser l’ensemble des camions. Et pour preuve un décret est paru ce matin au Journal officiel qui permet des dérogations aux temps de conduite et de repos et il court jusqu’au 29 décembre (mardi prochain, NDLR) ce qui nous laisse à penser que les autorités savent pertinemment que c’est impossible."

Une équipe de pompiers français en renfort à Douvres

Dans un tweet posté avant 8 heures, Catherine Colonna l’ambassadrice de France au Royaume-Uni annonçait que 26 pompiers français étaient arrivés ce matin à Douvres avec 10.000 tests Covid pour aider les équipes britanniques.

La Police aux Frontières (PAF) était selon nos informations également annoncée sur place pour aider dans la réalisation des tests. Selon un communiqué du Préfet de la zone de défense et de sécurité Nord, "15 sapeurs-pompiers et 10 membres des associations agréées de sécurité civile du département du Nord sont partis ce matin à 4h00 pour appuyer le dispositif mis en place par les autorités britanniques". Ces professionnels apportent 10.000 tests antigéniques pour accélérer les tests sur place.

15 sapeurs-pompiers et 10 membres des associations agréées de sécurité civile du département du Nord ont été envoyés en Grande-Bretagne pour aider à tester les chauffeurs routiers coincés sur place. © POTENTIER Philippine

Au total, on estime qu'entre 3500 et 4000 camions bloqués de l’autre côté de la Manche.

https://twitter.com/PaulineDucamp Pauline Ducamp Rédactrice en chef adjointe web