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"C'est mieux que rien": pourquoi le spectre d'une grève SNCF à Noël s'éloigne

Deux syndicats sur quatre ont accepté de signer l'accord de la direction de la SNCF sur les salaires, accord qui sera appliqué en 2024. Le poids de l'inflation a pesé dans la balance pour de nombreux cheminots.

Le chaos de décembre 2022 à la SNCF ne devrait pas se reproduire, et ce malgré les menaces de certains syndicats.

Opposé à l'accord de la direction concernant les augmentations de salaires pour 2024, Sud-Rail (3e syndicat avec 18% du personnel) avait annoncé son souhait de "construire une puissante mobilisation" sur le sujet, appelant à une unité syndicale et à des actions qui auraient pu déboucher sur des grèves importantes pendant les vacances de Noël.

"On n'exclut rien", soulignait il y a quelques jours Erik Meyer, secrétaire fédéral de Sud-Rail à l'AFP: "La possibilité d'avoir une ou plusieurs journées d'action en décembre qui engloberaient les grands départ est sur la table".

Les indiscrets : La menace de grève d'un syndicat de la SNCF s'éloigne - 21/11
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Pour rappel, l’entreprise propose une augmentation générale des salaires fixes de 1,8%. Par ailleurs, seront revalorisées, les indemnités d’utilisation à la réserve (+25 euros par mois) et les indemnités de nuit (+4%), de dimanche et fêtes (+4%), pour tous les salariés qui perçoivent ces indemnités.

Pas d'unité syndicale

L'entreprise s'est également engagée à augmenter les bas salaires pour qu'aucun d'entre eux ne soit inférieur à 1,1 Smic. Une prime de partage de la valeur de 400 euros doit également être versée aux plus de 140.000 cheminots du groupe.

Mais l'appel à l'unité de Sud-Rail n'a été suivi que par la CGT-Cheminots (32% de représentativité). En effet, la CFDT-Cheminots (15% des salariés) et l'Unsa-Ferroviaire (22%) ont décidé de signer l'accord.

Accord dont l'ensemble des mesures sera appliqué en 2024 par la SNCF malgré la signature de deux syndicats sur quatre, selon nos informations.

En réalité, pour beaucoup de cheminots interrogés par leurs syndicats, le poids de l'inflation au quotidien a pesé dans la décision d'accepter la proposition de la SNCF.

Simon*, conducteur et salarié de la SNCF depuis plus de dix ans et adhérent Unsa-Ferroviaire, nous confirme ce sentiment:

"En tant que conducteur, je me dis que c'est mieux que rien, même si ces 1,8% ne couvrent pas les 8% de hausse de mutuelle et assurance habitation sans parler de la hausse de 4% d'assurance voiture. Il faut ajouter la hausse du coût de la vie (nourriture, énergies...). En bref, encore une fois, nous allons perdre du pouvoir d'achat même si la direction nous fait passer pour des privilégiés".

"C'est donc bien que les syndicats signent, il faut prendre ce qu'il y a à prendre", estime-t-il.

Des actions individuelles?

Reste que ces deux signatures ne veulent pas forcément dire qu'il n'y aura aucune perturbation, certains salariés pourront poser des congés en période de pointe en signe de protestation.

Il y aura "certainement quelques perturbations sur les TER mais rien en grande ligne. Sous réserve d'une bombe sociale lâchée par la direction ou l'État début décembre", prévient le cheminot.

Par ailleurs, Sud-Rail va tenter de convaincre la CGT-Cheminots d'aller plus loin lors d'une réunion mardi prochain: "Nous, en tout cas, on proposera une grève au mois de décembre", indique sur BFMTV, Fabien Villedieu, délégué Sud-Rail.

La probabilité d'actions en dehors des syndicats n'est pas non plus à exclure. Le mouvement massif de décembre 2022 avait justement été mené par un collectif de chefs de bord (contrôleurs) de manière indépendante des syndicats. Et les perturbations avaient été très nombreuses, empêchant des familles de se retrouver à Noël.

Il faudra aussi surveiller les aiguilleurs, salariés de SNCF Réseau, qui dénoncent d'importants sous-effectifs et qui pourraient lancer un mouvement spécifique début décembre, avant les vacances de fin d'année.

*Le prénom a été modifié

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business